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Comment reproduire ses rosiers préférés grâce à la greffe du rosier en écusson ?

Greffer rosier en ecusson

La greffe en écusson ou écussonnage est une technique amusante à pratiquer pour reproduire une variété, et peu contraignante car on ne prélève qu’un bourgeon. Cette technique s’applique en particulier aux fruitiers (rosiers, pruniers, pommiers, poiriers, etc.) et rosiers. Avec un peu d’entraînement et quelques gestes précis, le taux de réussite peut devenir très élevé, même pour un jardinier amateur.

1 – Le principe de l’écussonnage à œil dormant

La greffe est un moyen de multiplier un végétal impossible à reproduire par semis, et dont le bouturage se montre difficile ou décevant. Le porte-greffe permet de jouer sur la vigueur de l’arbre, l’adaptation au sol, la résistance aux maladies et parfois la taille finale du sujet (nain, demi-tige, haute-tige…). Il s’agit, avec l’écussonnage, de prélever un bourgeon (l’œil) de l’espèce à multiplier et de le placer sous l’écorce du porte-greffe afin de lui faire développer une nouvelle pousse identique à la variété choisie.

Sur quels végétaux pratiquer l’écussonnage ?

  • Rosiers : greffe classique sur églantier ou rosiers porte-greffes (Laxa, Multiflora…).
  • Arbres fruitiers : prunier, pêcher, abricotier, cerisier, pommier, poirier, agrumes.
  • Arbustes d’ornement : certains érables, lilas, forsythias, etc.

Quand peut-on greffer un rosier ?

On opère ce type de greffe entre la mi-juillet et début septembre : période où l’œil est dormant et le porte-greffe en pleine sève. L’écorce se décolle alors facilement, ce qui facilite l’introduction de l’écusson.

Notez que l’écussonnage est une technique de greffe possible également au printemps, pour les persistants notamment. Dans ce cas, l’œil n’a pas commencé à gonfler. On parle alors de greffe à œil poussant : l’œil démarre très vite après la greffe, alors que dans le cas de l’œil dormant, il attend le printemps suivant pour se développer.

Avantages de l’écussonnage

  • On ne prélève qu’un bourgeon : un seul rameau peut fournir de nombreux écussons.
  • La plaie sur le porte-greffe est très réduite, ce qui limite les risques de maladies.
  • Matériel simple : un greffoir, du raphia ou un lien élastique, et c’est tout.
  • Permet de changer de variété sur un sujet déjà implanté (rosier décevant, fruitier peu productif…).

2 – Opérations préalables à la greffe

  • Arrosez le porte-greffe quelques jours avant la greffe afin que la sève circule activement et permette à l’écorce de se soulever. Cependant, le sujet ne doit plus pousser vigoureusement : si l’extrémité des jeunes pousses est encore très tendre, retardez la greffe.
  • L’emplacement de la greffe doit se situer sur un rameau à l’écorce fine qui ne dépasse pas 1 à 2 cm de diamètre généralement, bien droit et facilement accessible.
  • Choisissez un porte-greffe sain, sans trace de maladie ni blessure, et bien enraciné : la greffe dépend entièrement de sa vigueur.
  • Travaillez si possible le matin ou en fin de journée, à l’abri d’un soleil brûlant, afin de limiter le dessèchement des tissus.

3 – La greffe en 4 étapes

Matériel :

  • Un greffoir bien affûté et désinfecté à l’alcool, ou à défaut un petit couteau très tranchant réservé à cet usage.
  • Du raphia ramolli dans l’eau ou un élastique photodégradable (Flexibandes) pour la ligature.
  • Éventuellement un petit chiffon ou du papier absorbant légèrement humide pour protéger les greffons pendant la préparation.

Notre conseil

Si vous ne greffez pas immédiatement après le prélèvement du greffon, coupez des rameaux et supprimez les limbes des feuilles en laissant les pétioles afin de réduire les pertes d’eau. Conservez les greffons au frais jusqu’à 8 jours dans une poche étanche et humide (sac congélation avec un peu de papier légèrement mouillé). Ne les laissez jamais sécher au soleil.

Étape 1 : prélever l’écusson

Comment prélever un greffon sur rosier pour une greffe en écusson
Prélèvement du greffon : choisissez un œil bien formé, ni trop jeune ni trop vieux.

Choisissez un bourgeon du centre d’un rameau bien lignifié (ni trop tendre, ni trop âgé).

  • Sectionnez la feuille rattachée au bourgeon en laissant le pétiole, qui servira de « poignée » lors de la greffe.
  • Entaillez le rameau 5 mm au-dessus de l’œil.
  • Prélevez l’œil à l’opposé, en passant la lame à 1,5 ou 2 mm sous l’œil jusqu’à rejoindre l’entaille : vous obtenez une petite écaille d’écorce en forme d’écusson.

 

Greffon de rosier prêt pour une greffe en écusson
Greffon après prélèvement : un petit morceau d’écorce portant l’œil à greffer.
  • Soulevez délicatement l’écusson : la languette de bois inutile reste normalement attachée au rameau. Si ce n’est pas le cas, laissez-la sur l’écusson pour ne pas risquer de vider l’œil.
  • Évitez de toucher la face interne avec les doigts pour ne pas la contaminer ou la dessécher.

Étape 2 : préparer le porte-greffe

  • Placez le greffon entre les lèvres ou dans la main non dominante pour avoir les mains libres pendant que vous entaillez le porte-greffe.
  • Pratiquez une incision de 2 cm de long en forme de T sur le porte-greffe, sans entamer le bois : une entaille verticale, puis une petite barre horizontale en haut.

 

Entaille en T sur porte-greffe de rosier pour greffe en écusson
Entaille en T du porte-greffe : l’écorce doit se soulever facilement sans blesser le bois.
  • Avec la spatule du greffoir, soulevez l’écorce du porte-greffe pour y glisser le greffon, en prenant garde à ne pas déchirer la peau.

Étape 3 : insérer l’écusson

  • Insérez le greffon sous l’écorce en ajustant l’entaille horizontale de l’écusson sur celle du porte-greffe. Aucune poche d’air ne doit subsister : les tissus doivent être parfaitement au contact.
  • Si l’écusson dépasse en bas, recoupez proprement la partie de trop afin qu’il s’insère bien sous l’écorce.

Étape 4 : ligaturer la greffe

 

Ligature de la greffe de rosier avec un raphia
Ligature de la greffe : le lien maintient fermement l’écusson en place sans l’écraser.
  • Avec le raphia mouillé ou l’élastique, ligaturez la greffe en partant du haut. Laissez une extrémité un peu longue pour exécuter le nœud final.
  • Enroulez en descendant le lien autour de la tige, contournez l’œil et serrez suffisamment pour que les tissus soient bien appliqués l’un contre l’autre, sans couper l’écorce.
  • Terminez par un nœud solide. Le bourgeon doit rester apparent, mais tout le reste de l’incision doit être couvert.

Plusieurs greffes peuvent se faire sur une même tige sur des faces opposées, ce qui augmente les chances de succès. Au bout de 2 ou 3 semaines, le jaunissement du pétiole suivi de sa chute vous indique que la greffe a pris. En cas d’échec, celui-ci noircit ou se dessèche.

  • Vous couperez le rameau à 3 cm au-dessus de la greffe courant janvier (ou au printemps suivant pour les régions froides) afin de forcer le départ du nouvel œil.
  • Vous éliminerez les bourgeons du porte-greffe situés en-dessous durant les années qui suivront, pour ne garder que la nouvelle variété.

Erreurs fréquentes à éviter

  • Greffer trop tôt ou trop tard : si la sève ne circule pas assez, l’écorce ne se soulève pas bien ; si elle circule trop, le porte-greffe pousse encore fort. Visez la fin de l’été, lorsque la croissance ralentit mais que l’écorce se décolle encore.
  • Outils mal désinfectés : le greffoir doit être propre et affûté, sinon risque de moisissures et mauvaise cicatrisation.
  • Greffon desséché : ne laissez jamais les écussons en plein soleil ; préparez-les juste avant de greffer ou gardez-les dans un sac humide au frais.
  • Ligature trop lâche : les tissus ne se soudent pas bien, l’écusson se dessèche. À l’inverse, trop serrée, la ligature peut étrangler la tige.
  • Oublier d’enlever la ligature : quelques semaines ou mois après, quand la greffe est bien soudée, il faut retirer le lien pour ne pas gêner la croissance.

FAQ – vos questions

Sur quels arbres peut-on pratiquer l’écussonnage ?

  • Principalement sur les rosiers et les arbres fruitiers à noyau ou à pépins (pommier, poirier, prunier, pêcher, abricotier…), mais aussi sur certains arbustes d’ornement. L’essentiel est de rester dans le même genre ou la même famille botanique pour assurer la compatibilité.

Quelle est la différence entre œil dormant et œil poussant ?

  • En œil dormant (fin d’été), l’écusson cicatrise, se « soude » au porte-greffe, puis n’éclot qu’au printemps suivant. En œil poussant (printemps), l’œil démarre rapidement après la greffe, ce qui demande une surveillance accrue de l’arrosage et de la protection contre le vent.

Quand retirer la ligature ?

  • Sur rosier, on l’enlève en général 3 à 4 semaines après la greffe si l’écusson a bien pris. Sur fruitiers, on peut parfois attendre un peu plus. Vérifiez régulièrement que le lien ne marque pas l’écorce.

Quel est le taux de réussite d’une greffe en écusson ?

  • Avec un bon porte-greffe bien arrosé, un outil propre et un geste précis, on peut espérer 70 à 90 % de réussite. N’hésitez pas à multiplier les essais sur le même sujet lors de vos premières années.

Faut-il protéger la greffe après l’écussonnage ?

  • Ce n’est pas indispensable, mais dans les régions très chaudes ou venteuses, vous pouvez ombrer légèrement la zone greffée ou poser un petit sachet papier quelques jours pour limiter le dessèchement.

Reprise d’une greffe de rosier après 1 an : on obtient alors un jeune rameau bien vigoureux, que l’on conduira en tige ou en buisson selon la forme souhaitée.

Texte et photos : Eva Deuffic


Écrit par Eva Deuffic | Eva est une passionnée de jardins et de jardinage et c'est avec sa plume qu'elle nous emporte et nous fait rêver.