Millepertuis : bienfaits, précautions et mode d’emploi contre la déprime
Comment se caractérise le millepertuis ? Quelles sont ses vertus et bienfaits ? Comment l’utiliser pour en tirer le meilleur profit, et dans quelles mesures ? Enfin, que faire face à ce fléau sanitaire qu’est la dépression ? Tour d’horizon complet, entre traditions herbales et conseils pratiques, avec des mises en garde essentielles pour un usage sûr.
Le saviez-vous ?
Le millepertuis est l’« herbe de la Saint-Jean » : on le cueillait traditionnellement autour du 24 juin, période où ses sommités fleuries sont les plus riches en actifs.
Les fleurs jaunes écrasées libèrent un suc rouge carmin (hypericine), à l’origine de l’huile rouge utilisée en application cutanée.
Son nom latin Hypericum vient du grec « au-dessus des apparitions », car on lui prêtait le pouvoir d’éloigner les « mauvais esprits »… aujourd’hui compris comme les troubles de l’humeur.
Millepertuis : pour la petite histoire
Étymologiquement, l’« herbe de saint Jean » renvoie à Hypericum. Grecs et Romains l’utilisaient déjà pour chasser mélancolie et « mauvais esprits ». Du XVIIIe au XXe siècle, des médecins européens et américains le prescrivent pour les troubles dépressifs. Les herboristes le recommandent aussi contre les gerçures, brûlures légères et ecchymoses, usages topiques encore d’actualité.
Herbe de la Saint-Jean : une plante rituelle devenue référence de la phytothérapie de l’humeur.
Comment reconnaître le millepertuis ?
Fleurs jaune vif et « points » translucides sur les feuilles : la signature du millepertuis.
Feuillage : feuilles opposées, parsemées de micro-glandes translucides visibles à contre-jour (d’où « mille-pertuis »).
Fleurs : jaunes, à 5 pétales, anthères nombreuses ; floraison été.
Appartenant aux Hypericacées, le millepertuis est traditionnellement employé pour la dépression légère à modérée et transitoire (≥ 2 semaines). En phytothérapie, on lui attribue des actions :
Antidépresseur (régulation de l’humeur, intérêt, sommeil ; amélioration progressive en 2–4 semaines).
Antispasmodique et anxiolytique léger (tensions somatiques, nervosité).
Principes actifs : naphtodianthrones (hypericine), phloroglucinols (hyperforine), flavonoïdes (rutine, hyperoside…), tanins, procyanidines, vitamines A et C, traces d’huile essentielle. Plusieurs essais cliniques suggèrent une efficacité sur les symptômes de la dépression légère (appétit, énergie, sommeil, ruminations), chez une partie des patients.
Usages et posologie : comment le prendre ? :
Infusion : 1 c. à café rase de sommités fleuries pour 250 ml d’eau frémissante, 10 min à couvert. 1 à 3 tasses/jour. Goût amer : adoucir avec mélisse ou tilleul.
Teinture : 2 à 3 pipettes dans un verre d’eau chaude ou une infusion, 2 à 3×/jour.
Gélules/comprimés standardisés : extrait sec titré à 0,3 % d’hypericine (ou 2–5 % d’hyperforine) : 900 mg/j en 2–3 prises (certaines formules : 600–900 mg en 1 prise/j).
Conseils d’usage : prise quotidienne à heure fixe, effet attendu en 2 à 4 semaines. Poursuivre 6–8 semaines avant réévaluation avec un professionnel. Ne pas arrêter brutalement après usage prolongé : diminuer progressivement.
Précautions et contre-indications (à lire impérativement) :
Sécurité d’abord : le millepertuis peut interagir avec de très nombreux médicaments.
Interactions majeures : inducteur enzymatique (CYP3A4, P-gp). Peut diminuer l’efficacité de : contraceptifs oraux, anticoagulants (warfarine/DOAC), antirétroviraux, immunosuppresseurs (cyclosporine), anticoagulants/antiagrégants, anti-arythmiques, anti-épileptiques, antidiabétiques, thyroïdiens, certains antidouleurs, etc. Toujours demander l’avis du médecin/pharmacien.
Jamais avec des antidépresseurs (ISRS, IRSNa, IMAO, tricycliques), triptans : risque de syndrome sérotoninergique.
Photosensibilisation : éviter les expositions solaires/UV intenses (et cabines) durant la prise ; attention aux peaux claires.
Contre-indications : grossesse/allaitement, trouble bipolaire (risque de virage maniaque), antécédents de photosensibilité. Prudence chez l’adolescent, uniquement sur avis médical.
Chirurgie : arrêter 1 à 2 semaines avant intervention (interactions anesthésiques potentielles).
Usage externe (huile rouge) : ne pas s’exposer au soleil après application.
Important : la dépression est un diagnostic médical. L’automédication n’est pas adaptée en cas de symptômes sévères (idées suicidaires, incapacité fonctionnelle, épisode prolongé) : consultez sans délai.
Dans quelles mesures l’utiliser ?
Indiqué pour une déprime passagère ou un épisode de dépression légère : baisse de moral, troubles du sommeil légers, irritabilité, perte d’intérêt depuis ≥ 2 semaines.
À éviter seul en cas de dépression modérée à sévère, rechutes fréquentes, antécédents psychiatriques : privilégier évaluation médicale et approches combinées (psychothérapie, hygiène de vie, traitements si nécessaires).
Que faire face à la dépression ?
Dépister tôt : parler à son médecin/psychologue. Utiliser des auto-questionnaires validés (ex. symptômes listés : sommeil, appétit, énergie, intérêt, ruminations).
Agir sur l’hygiène de vie : régularité du sommeil, activité physique douce, lumière du jour, alimentation équilibrée (oméga-3, fibres), limiter alcool et excitants.
Thérapies : TCC, mindfulness, soutien social. Le millepertuis peut s’intégrer à un plan global après avis professionnel.
Surveiller : tenir un carnet d’humeur, réévaluer à 4–6 semaines. Si aggravation ou idées noires : urgence.
Ressources : proches, lignes d’écoute, soins primaires. En cas de crise, composer les numéros d’urgence de votre pays.
FAQ – questions fréquentes
Combien de temps avant l’effet ? 2 à 4 semaines de prise quotidienne, avec évaluation à 6–8 semaines.
Peut-on le prendre avec la pilule ?Non, risque de baisse d’efficacité contraceptive.
Huile rouge sur la peau ? Oui, pour petites brûlures/gerçures, mais sans soleil dans les heures qui suivent.
Arrêt brutal ? À éviter après usage prolongé : réduire progressivement.
Écrit par Jardiner Malin | La rédaction vous propose des conseils d'experts, une approche respectueuse de la nature, de beaux jardins et un potager fait de bons petits légumes cultivés au fil des saisons.