Soyons honnêtes, on ne peut pas dire que le crapaud ait une bonne image dans l’inconscient collectif. Son aspect est peu avenant et il est régulièrement associé aux contes occultes ; rappelez‑vous la bave de crapaud dans les potions de sorcières.
Et pourtant ! Malgré l’aversion qu’il peut susciter, ce cousin de la grenouille est un auxiliaire de jardin efficace qui saura vous aider au potager.
De la famille des bufonidés, le crapaud est un batracien vertébré anoure (c’est-à-dire sans queue). Contrairement à la grenouille, c’est un amphibien terrestre. La désignation de « crapaud » vient probablement de l’allemand « krappa » qui signifie « crochet« .
L’espèce la plus répandue est le crapaud commun (Bufo bufo). Cependant, il est possible de rencontrer d’autres spécimens comme le crapaud calamite (Epidalea calamita), l’alyte accoucheur (Alytes obstetricans), le sonneur à ventre jaune (Bombina variegata), etc.

En fonction des espèces, on peut observer certaines disparités. Par exemple, le crapaud calamite est très proche du crapaud commun, mais se distingue par une ligne plus claire le long de son dos. Le sonneur à ventre jaune porte bien son nom, puisqu’il arbore un joli coloris jaune sur sa face ventrale.
Lorsqu’il n’est pas dehors pour chasser, le crapaud affectionne les endroits sombres et humides. En hiver, il observe une période d’hibernation et trouve alors refuge le plus souvent sous terre en s’enfouissant, ou alors dans des souches ou des anfractuosités.

L’alyte accoucheur fait toutefois exception, puisque le mâle transporte les œufs au niveau de ses pattes postérieures jusqu’à l’éclosion.
Carnivore, le crapaud est indifférent aux fruits ou aux légumes du potager. Il n’y a donc aucun danger qu’il ne s’attaque à vos récoltes.
Son menu gastronomique se compose en effet d’insectes de toutes sortes : mille‑pattes, araignées, chenilles, limaces, escargots, etc. Il ne faut donc pas chercher longtemps pour trouver l’intérêt du crapaud dans un jardin ou un potager. Il est une solution naturelle et peu coûteuse pour remplacer les pesticides.
À cause de l’utilisation des produits phytosanitaires, ainsi que l’urbanisation de plus en plus forte réduisant les habitats disponibles, l’existence du crapaud est menacée. L’espèce est donc protégée et inscrite sur la liste rouge de l’UICN. Si vous en trouvez dans votre jardin, protégez‑le comme vous le feriez pour un hérisson.
Même s’il s’agit d’un amphibien majoritairement terrestre, le crapaud a besoin d’eau, ne serait-ce que pour la reproduction. Vous aurez donc plus de chances d’en héberger si vous possédez un cours d’eau (ruisseau, mare, étang, etc.) chez vous ou à proximité.
S’il se contente de peu pour s’abriter, rien ne vous empêche de lui aménager une habitation en retournant une tuile par exemple ou en rendant accessible le regard d’évacuation du robinet du jardin. Il y a de nombreuses façons de protéger ce précieux auxiliaire de jardin.
Une caractéristique du crapaud qui contribue à sa mauvaise réputation est qu’il sécrète un venin toxique. Ce dernier se libère par pression et ne traverse pas la peau. Il n’y a donc aucun danger à le prendre à la main. Pensez cependant à bien les laver ensuite et surtout à ne pas les mettre à la bouche ou toucher vos yeux entre-temps.

Le venin s’attaque notamment au cœur et au système nerveux. Lorsqu’un animal est victime d’envenimation, le premier symptôme est une salivation abondante. Si l’intoxication est importante, l’animal peut se mettre à vomir et montrer des signes d’abattement. L’atteinte du système nerveux se caractérise par des tremblements, des convulsions ou une démarche anormale.
Si votre animal est victime d’envenimation, le premier réflexe à avoir est de rincer abondamment sa gueule. Par la suite, si des symptômes font leur apparition, appeler rapidement votre vétérinaire.
Remarque : contrairement au serpent, le crapaud n’inocule pas son venin volontairement. Ce dernier est simplement sécrété et n’est libéré que par une action mécanique liée à la pression. Il n’y a donc aucune volonté d’attaque ou d’agression de la part de l’amphibien.