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Palisser les courges : gagner de la place, limiter les maladies et optimiser le rendement

Palisser les courges

Les courges ont tendance à s’étaler et à occuper rapidement plusieurs mètres carrés au potager. Dans un petit jardin, mieux vaut donc les cultiver à la verticale, afin de gagner de la surface au sol et de structurer les planches de culture. Si palisser les courges sur de solides treillis permet de libérer un espace considérable, cette technique évite aussi aux fruits de rester en contact direct avec le sol, ce qui limite les risques de pourriture, d’attaque de limaces et de rongeurs.

En plus de l’aspect pratique, les courges palissées apportent du relief au potager : elles transforment une simple haie grillagée ou un treillis en véritable mur végétal nourricier.

1. Choisir des variétés de courges adaptées au palissage

Toutes les cucurbitacées ne sont pas adaptées à la culture verticale. Pour réussir, il est recommandé d’opter pour des variétés coureuses à vrilles, capables de s’accrocher naturellement, et portant des fruits de petite à moyenne taille (moins de 3–4 kg). Les courges très lourdes (Hubbards, Calabazas, grosses citrouilles) restent à cultiver au sol, ou nécessitent un soutien individuel sous chaque fruit (filet, hamac).

De manière générale, continuez de cultiver au sol les Hubbards, les Calabazas et les citrouilles de gros calibre, et palissez les courges dont les fruits restent sous les 3–4 kg. Parmi les variétés envisageables, pensez donc aux courges ‘Pomarine’, ‘Baby Boo’, ‘Patidou’, ou encore ‘Pomme d’or’.

 

Variété / Type Poids moyen du fruit Type de végétation Intérêt en palissage Usages et remarques
‘Pomarine’ 0,5 à 1 kg Coureuse à vrilles Fruits petits, nombreux, parfaits en culture verticale Décorative, bonne tenue en conservation, idéale treillis ou grillage
‘Baby Boo’ Très léger (< 500 g) Coureuse Parfaite pour arches et pergolas, fruits très légers Petites courges blanches décoratives, souvent utilisées en ornement
‘Patidou’ (Sweet Dumpling) 300 à 600 g Coureuse Fruits légers, se tiennent bien sur les treillis solides Excellente en cuisine (chair sucrée), très productive
‘Pomme d’or’ 200 à 400 g Coureuse Idéale pour grillages et clôtures, fruits très nombreux Petites courges rondes jaune vif, très décoratives
Butternut de petit calibre (‘Butternut mini’, etc.) 1 à 2 kg Coureuse vigoureuse Palissable si support très robuste, parfois avec soutien sous les fruits Très bon compromis entre rendement et taille de fruit
Courges décoratives (petites coloquintes) Très léger Coureuse très grimpante Excellentes pour couvrir rapidement un support Usage ornemental, fruits de formes variées

 

2. Utiliser un support suffisamment résistant

Misez sur un support de palissage très résistant, capable de supporter le poids de vos courges tout au long de la saison, même par temps de pluie ou de vent.

 

Palissage des courges sur treillis

Treillis solide : la clé d’un palissage de courges réussi

 

Différentes options sont envisageables :

  • les treillis de maçonnerie solides ;
  • le grillage à mouton galvanisé, bien ancré dans le sol ;
  • les branches de noisetiers ou de châtaigniers, liées en tipi ou en palissade ;
  • le grillage soudé en rouleau, tendu entre des piquets robustes ;
  • les panneaux de grillage rigide (type clôture) ;
  • une pergola, une arche, ou une structure en bois existante.

Vos arbres et vos haies libres peuvent également servir de supports de palissage pour la culture verticale des cucurbitacées, à condition de ne pas les étouffer et de garder un minimum de lumière pour l’arbre support.

3. Palisser les courges dans les règles de l’art

Palisser des courges ne s’improvise pas. L’opération demande de la régularité et quelques gestes précis.

  1. Choisissez un emplacement plein soleil ou légèrement abrité, bien exposé, pour vos futures cultures de courges palissées.
  2. Préparez le sol au printemps en ameublissant sur 30–40 cm et en enrichissant généreusement la terre avec du compost mûr ou du fumier bien décomposé.
  3. Installez votre support de culture (treillis, grillage, tipi de branches) avant de planter, pour ne pas abîmer les racines ensuite.
  4. Repiquez vos plants de courges en pleine terre autour de la mi-mai, lorsque les gelées printanières ne sont plus à craindre.
  5. Patientez jusqu’à ce que vos cucurbitacées atteignent environ 20 cm de haut et commencent à émettre leurs premières vrilles.
  6. Fixez les lianes sur le support à l’aide de ficelles de jute ou de liens souples, en attendant que les vrilles prennent le relais.
  7. Renouvelez régulièrement ce geste afin de suivre la croissance de la plante et de guider les tiges vers les zones libres du support.

Points d’attention particuliers :

  • Ne serrez jamais trop vos liens : plus ils sont lâches, moins vous risquez de blesser la plante ou d’étrangler les tiges en grossissant.
  • Séparez les tiges lorsque vous les palissez afin de favoriser une bonne circulation de l’air et une belle répartition de la lumière.
  • Vérifiez que les fruits ne se glissent pas dans les mailles trop étroites du support : ils risqueraient d’être déformés ou comprimés en grossissant.
  • Sur les supports très hauts, n’hésitez pas à limiter la hauteur en pinçant les tiges principales pour garder les fruits à hauteur de main, plus faciles à récolter.

4. Arroser et nourrir régulièrement les courges palissées

Les courges palissées ont tendance à se dessécher plus rapidement que les courges cultivées au sol, surtout en cas de vent. C’est l’un des seuls inconvénients de cette méthode de culture.

 

Courge palissée et vrille sur grillage

Vrilles de courge s’accrochant spontanément au support

 

  • Arrosez très régulièrement, de préférence le soir, au pied des plants, sans mouiller excessivement le feuillage.
  • Installez une épaisse couche de paillage organique (paille, tontes séchées, BRF) au pied de vos plantations pour limiter l’évaporation et maintenir le sol frais.
  • Surveillez les signes de stress hydrique : feuilles qui ramollissent ou se fanent en milieu de journée, croissance qui ralentit, fruits qui stagnent.
  • Un apport de compost ou d’engrais organique riche en potasse en cours de saison (au moment de la floraison et de la nouaison) améliore la fructification.

5. Tailler les plants de courges palissées

La taille des courges coureuses favorise une fructification précoce et des fruits plus gros et plus savoureux. Elle est particulièrement utile en culture verticale, pour éviter la formation d’une jungle incontrôlée.

  1. Après la plantation, pincez la tige principale juste au-dessus de la deuxième vraie feuille : deux nouvelles tiges vont alors apparaître au même emplacement.
  2. Pincez ces deux tiges au-dessus de leur cinquième feuille afin de stimuler la formation de ramifications secondaires, qui porteront fleurs et fruits.
  3. Une fois les courges formées, pincez les tiges deux feuilles au-dessus de chaque fruit, pour concentrer l’énergie sur le grossissement.
  4. Gardez entre 4 et 6 fruits maximum par pied (selon la variété) afin qu’ils grossissent correctement et arrivent à maturité.

En fin de saison, vous pouvez également supprimer quelques feuilles situées devant les fruits pour favoriser leur ensoleillement et leur maturation, sans dénuder exagérément la plante.

6. Palisser les courges en pot ou en bac

Sur balcon, terrasse ou petit jardin urbain, il est tout à fait possible de cultiver des courges palissées en grands bacs.

  • Choisissez un contenant d’au moins 40–50 cm de profondeur, avec un fort volume de substrat.
  • Installez un treillis ou un éventail de tuteurs directement dans le bac, avant la plantation.
  • Utilisez un mélange riche et drainant : terreau potager + compost mûr + un peu de sable ou de perlite pour le drainage.
  • Arrosez très régulièrement : en bac, le dessèchement est rapide, surtout par temps chaud et venté.
  • Un apport d’engrais organique liquide (type purin d’ortie dilué) peut être réalisé toutes les 2 à 3 semaines en phase de croissance et de fructification.

7. Problèmes possibles et erreurs à éviter

  • Support trop léger : c’est l’erreur la plus fréquente. Un grillage ou des piquets trop souples peuvent se déformer ou céder sous le poids des fruits.
  • Manque d’attaches au début : si vous laissez trop pousser avant de guider, les tiges s’emmêlent et le palissage devient difficile.
  • Exposition trop ventée : sur un site très exposé, les tiges peuvent se casser. Prévoir un support rigide et éventuellement une zone un peu abritée.
  • Excès de fruits : ne pas éclaircir conduit à de nombreux fruits petits, qui mûrissent mal. Limitez leur nombre par pied.
  • Arrosages irréguliers : alternance de sécheresse et d’arrosages abondants = fruits qui fendent ou production irrégulière.

Conseils du jardinier – FAQ

Peut-on palisser toutes les courges ?
Non. Les variétés à très gros fruits (citrouilles géantes, Hubbard…) sont mieux adaptées à la culture au sol. Pour le palissage, privilégiez les variétés à fruits petits ou moyens, bien attachés au pédoncule.

Faut-il soutenir les fruits avec des filets ?
Pour les petites courges (moins de 1 kg), ce n’est généralement pas nécessaire si le pédoncule est solide. Pour les fruits de 1,5 à 3 kg, un filet ou un “hamac” en tissu ou en treillis plastique peut sécuriser la tenue du fruit.

Les courges palissées sont-elles plus sensibles au vent ?
La végétation est plus exposée, mais un support rigide et des attaches souples réduisent beaucoup le risque de casse. Dans les régions très ventées, privilégiez des supports moins hauts et des variétés peu vigoureuses.

La production est-elle équivalente à une culture au sol ?
Oui, et elle est parfois meilleure : les fruits sont mieux aérés, moins sujets à la pourriture et au grignotage par les limaces. À condition d’arroser et de nourrir correctement, le rendement reste excellent.

Peut-on associer les courges palissées avec d’autres légumes ?
Oui, c’est même un excellent moyen d’optimiser l’espace. Au pied du support, cultivez des salades, des radis, des épinards ou des aromatiques qui apprécient la légère ombre créée par le feuillage en été.


Photos : ©Mohan Nannapaneni, ©iansen, ©Deniz Hoşbaş


Écrit par Solenne Ricard | Diplômée d'Art et passionnée de botanique, Solenne a choisi d'utiliser sa sensibilité aux questions environnementales pour écrire sur les plantes et le jardinage. Cette amatrice de bonne cuisine cultive son potager en permaculture et utilise ses récoltes pour concocter quotidiennement de petits plats bio et écolos. Rédactrice confirmée, boulimique de littérature et amoureuse du beau, elle dévore tous les livres à sa portée.