La phytoépuration : une alternative écologique pour le traitement des eaux usées

phytoépuration

La phytoépuration est une méthode de traitement des eaux usées par les plantes. Elle reproduit le fonctionnement d’écosystèmes naturels comme les mares ou les marais. Elle  constitue une alternative écologique et économique aux fosses septiques pour les habitations non raccordées à un réseau d’assainissement public. Découvrez son fonctionnement, ses avantages et limites ainsi que les premières clés pour la mettre en œuvre chez vous.

Comment fonctionne la phytoépuration ?

phytoépuration

Dans un système de phytoépuration, les eaux usées sont acheminées dans une succession de bassins où poussent des plantes aquatiques. Les végétaux (macrophytes et algues en suspension) ainsi que les micro-organismes présents à la surface des racines filtrent et purifient les eaux.

Après un prétraitement (dégraissage et retrait des gros éléments à l’aide d’une grille), les eaux à assainir traversent un réseau de 2 à 3 lagunes généralement reliées entre elles par des tuyaux, à une vitesse lente (jusqu’à 1 mois).

Chaque réservoir a une fonction spécifique :

  1. Le bassin de décantation retient et traite les matières organiques solides. Les bactéries anaérobies transforment celles-ci en gaz ou en minéraux. Des lits de gravier et de sable de plus en plus fins sont disposés dans le bassin, et un drain évacue l’eau vers le second bassin (avec un dénivelé d’au moins 1 mètre).
  2. Le bassin de traitement débarrasse l’eau des matières organiques subsistantes, des bactéries pathogènes et des minéraux (phosphates et nitrates). C’est ici que les restes de produits ménagers sont dégradés.
  3. Le bassin de finition a pour rôle de terminer le traitement grâce aux plantes et à la faune qu’elle abrite.

L’eau résiduelle peut ensuite être infiltrée, ou utilisée pour l’arrosage.

Les avantages et limites de la phytoépuration

Tout d’abord, l’assainissement par phytoépuration présente de nombreux avantages par rapport aux méthodes de traitement traditionnelles :

  • Elle ne nécessite pas le recours aux produits chimiques ou à l’énergie fossile. Ce sont uniquement les micro-organismes et les végétaux qui ont une action dépolluante.
  • Contrairement à la fosse septique, elle ne demande pas de vidange annuelle. L’entretien n’est pas lourd même s’il est à faire à intervalles réguliers : taille des plantes macrophytes tous les ans et dépôt des boues compostées (réutilisables dans le jardin) tous les dix ans.
  • Elle s’intègre parfaitement dans l’espace extérieur et présente un aspect esthétique agréable, tout en offrant un refuge à la faune locale.
  • Elle encourage à changer les modes de consommation et à opter pour des produits respectueux de l’environnement, biodégradables et sans phosphates. Une attention particulière doit être portée aux lessives, savons ou shampoings.phytoépuration

Mais la phytoépuration peut aussi avoir certaines limites :

  • Elle ne peut pas traiter tous les types de polluants présents dans l’eau.
  • Les bassins nécessitent un espace important, ce qui peut rendre difficile leur création dans les zones urbaines.
  • Dans certaines configurations de terrain, le système peut avoir besoin d’une pompe de levage électrique.
  • Elle doit être conçue par un professionnel, ce qui augmente le coût initial de l’installation. En contrepartie, vous vous assurez de son bon fonctionnement.
  • Les conditions climatiques peuvent affecter le rendement. En effet, les bassins de phytoépuration sont susceptibles de geler en hiver ou se dessécher en été. Cela peut nuire à leur efficacité.

Construire son système de phytoépuration ?

Les aspects légaux

En premier lieu, vous pouvez construire une station de phytoépuration en France uniquement si vous ne pouvez pas vous connecter à un système public de collecte des eaux usées.

Une fois le projet conçu, vous devrez contacter le Service Public d’Assainissement Non Collectif (SPANC) dont vous dépendez afin qu’il valide la conformité de votre installation. Le SPANC réalisera différents contrôles périodiques pour vérifier le bon fonctionnement et l’entretien de votre dispositif. Retrouvez toutes les informations réglementaires liées aux ANC  sur cette page.

Bien concevoir et dimensionner son installation

Le dimensionnement du système se calcule en nombre d’équivalents habitants (EH). Cette unité de mesure théorique permet d’évaluer la pollution organique présente dans les eaux usées. L’arrêté du 7 mars 2012 fixe la règle suivante : une pièce principale destinée au sommeil ou au séjour correspond à 1 EH.

Pour chaque EH, les experts recommandent de prévoir entre 2 et 5 m² de filtres en fonction des eaux traitées (grises et/ou noires).

Choisir les bonnes plantes

phytoépuration

Avant tout, lors de la conception de son installation de phytoépuration, nous vous conseillons de :

  • Choisir des espèces locales qui n’auront pas de difficultés à s’acclimater.
  • Associer différentes variétés avec des hauteurs et des saisons de floraison différentes pour éviter les problèmes d’envahissement et avoir un rendu esthétique une grande partie de l’année.

Les plantes utilisées dans la phytoépuration sont d’abord sélectionnées pour leur capacité à vivre les pieds dans l’eau et à éliminer les polluants. Elles incluent souvent :

  • les roseaux communs (Phragmis Australis)
  • les scirpes (Scirpus)
  • les carex gracilis
  • les joncs (Juncus)
  • les iris (qui apportent également de la couleur à l’installation)
  • les salicaires (Lythrum salicaria)
  • les massettes (Typha)

Pour conclure, la phytoépuration est une alternative intéressante pour traiter ses eaux usées. Nous vous recommandons de faire appel à un bureau d’études pour choisir les techniques et dimensionner correctement l’installation. Vous pouvez aussi auto-construire votre système en vous faisant accompagner par un expert agréé.


©apetitspas ©jacloudl ©SuSanA Secretariat ©Thierry46


Écrit par Marie Darul | Engagée dans la protection de l’environnement, Marie s’intéresse particulièrement à la permaculture ainsi qu’aux nouvelles manières de jardiner et de cultiver.