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La prêle, graphique et décorative

perle

La prêle (genre Equisetum) est une plante vivace aussi fascinante qu’utile. Rescapée de la préhistoire, elle prospère dans les sols humides et pauvres, où sa silhouette graphique apporte une note contemporaine. Au jardin, on rencontre surtout la prêle des champs (Equisetum arvense), très vigoureuse, et la prêle du Japon (Equisetum japonicum), plus ornementale. Antifongique au potager (en purin ou décoction) et étonnamment décorative, elle mérite une place… à condition de la gérer pour éviter qu’elle n’envahisse tout.

Le saviez-vous ?

  • La prêle existait déjà au Paléozoïque ; certaines espèces fossiles dépassaient 10 m de haut !
  • Sa teneur exceptionnelle en silice (jusqu’à ~40 %) explique ses usages traditionnels : tonique, reminéralisante et… abrasif doux pour polir le bois.
  • Elle ne produit ni fleurs ni graines : elle se reproduit par spores et surtout par un rhizome traçant très efficace.
  • Au jardin, la prêle est un allié antifongique de choix en pulvérisations de purin/décoction, notamment contre mildiou et oïdium.

Où et comment cultiver la prêle ?

La prêle aime les sols humides à détrempés, lourds ou sableux, pauvres en nutriments, et tolère une large palette de pH. Installez-la de préférence au bord d’un bassin, d’une mare, ou dans la zone la plus fraîche du jardin. Elle se plaît au soleil comme à la mi-ombre, pourvu que le sol reste humide toute l’année.


Prêle japonaise au bord de l’eau
Idéale en berges humides : la prêle structure les abords de bassin.

En pot ou en bac, utilisez un contenant profond (30–40 cm mini) sans trou si vous voulez « les pieds dans l’eau », ou avec réserve d’eau ; arrosez régulièrement pour maintenir un substrat toujours frais (mélange terre de jardin + sable grossier).

Maîtriser son caractère envahissant

Comme les bambous, la prêle dispose d’un rhizome traçant capable de coloniser vite. Anticipez :

  • Posez une barrière anti-rhizomes (dalle, brique, bordure en PEHD) à 40–50 cm de profondeur en ceinture du massif.
  • Ou bien plantez-la dans un grand seau/bac en zinc enterré (drainé ou non selon l’humidité souhaitée).
  • Sur pelouse/potager, évitez les surcharges de compost : la prêle profite des sols pauvres et compacts ; améliorer le drainage et aérer limite sa vigueur.

Prêle des champs (Equisetum arvense) : utile et coriace

La plus commune au jardin (50–80 cm), souvent considérée comme adventice. Graphique comme un petit conifère, elle pousse grâce à un réseau souterrain puissant et produit au printemps des tiges fertiles portant des épis qui disséminent les spores.


Prêle des champs (Equisetum arvense)
La prêle des champs, « queue-de-renard », grande alliée en décoction au potager.

Côté jardinage, c’est une ressource précieuse : en décoction (ou en purin), elle fortifie les plantes et aide à prévenir mildiou, oïdium et autres cryptogames. Son effet tient à la silice et aux composés secondaires renforçant les tissus.

> À lire aussi : faire son purin de prêle

Prêle du Japon (Equisetum japonicum) : graphique et contemporaine

Plus ornementale (60 cm à 1 m), elle compose des rideaux denses et verticaux, parfaits en bac, en bordure de terrasse ou de plan d’eau. Au printemps, les épis sporangifères jaune pâle apparaissent en sommet de tiges femelles, détails discrets mais élégants.


Prêle en pot, effet graphique
En pot, la prêle crée un écran végétal graphique toute l’année.

Plantation, entretien et multiplication

Quand planter ?

  • Plantez au printemps ou en début d’automne, hors gel et fortes chaleurs. En sol très humide, une plantation printanière facilite l’implantation.

Le bon geste

  • Ameublissez le sol et incorporez du sable grossier si besoin (drainage) ou, au contraire, créez une petite cuvette retenant l’eau en berge.
  • Prévoyez la barrière anti-rhizomes dès la plantation si vous souhaitez la cantonner.
  • Arrosez copieusement à la mise en place, puis maintenez le sol constamment humide.

Entretien courant

  • Arrosage : régulier en pot ; au jardin, la prêle se débrouille si le sol reste frais.
  • Taille : coupez les tiges sèches en fin d’hiver pour relancer une touffe nette.
  • Paillage : un paillis minéral (graviers) met en valeur son graphisme et limite les adventices.

Multiplication

Le plus simple est la division de rhizomes au printemps : prélevez un tronçon muni de bourgeons, replantez-le aussitôt en sol humide. Attention à ne rien égarer… toute miette repart !

Usages au jardin

Un atout décoratif

  • La verticalité de la prêle structure les scènes contemporaines. Associez-la à des graminées (carex, miscanthus), des iris des marais, des hostas, des gunneras miniatures. En alignement, elle forme une bordure vivante très graphique.

Purin et décoction de prêle

La prêle s’utilise en pulvérisation foliaire préventive (pas en plein soleil). À titre indicatif :

  • Décoction : 100 g de prêle sèche (ou 1 kg fraîche) pour 1 L d’eau ; faites frémir 30 min, laissez infuser 24 h, filtrez, diluez à 10–20 %, pulvérisez tous les 7–14 jours.
  • Purin : faire macérer 1 kg de prêle fraîche dans 10 L d’eau 7–10 jours (15–20 °C) en brassant ; filtrez, diluez à 10–20 %.

Cible : mildiou, oïdium, tavelures, pourritures diverses. La silice renforce les parois cellulaires et limite l’installation des champignons.

Précautions et curiosités

  • La prêle contient des thiaminases : ingestion prolongée (animaux de pâture, chats) peut induire une carence en vitamine B1. Évitez l’accès libre aux touffes si animaux sensibles.
  • En herboristerie, la prêle est diurétique et reminéralisante ; demandez l’avis d’un professionnel de santé (grossesse, pathologies rénales, prise de diurétiques).
  • En menuiserie traditionnelle, les tiges séchées servaient à polir le bois grâce à la silice.

FAQ – questions fréquentes

La prêle va-t-elle tout envahir ?

Si vous ne la cantonnez pas, oui : son rhizome court vite. Solution : barrière anti-rhizomes à 40–50 cm de profondeur, culture en bac enterré, ou implantation exclusivement en berge confinée.

Je veux l’éliminer d’un massif : comment faire sans chimie ?

Armez-vous de patience : décompactez et drainez le sol, arrachez régulièrement les jeunes pousses (ne laissez rien sécher sur place), corrigez l’acidité si besoin (apport calcaire léger en sols très acides), et améliorez la fertilité pour défavoriser la prêle (elle aime les sols pauvres/compacts).

Prêle des champs et prêle du Japon : quelles différences majeures ?

E. arvense : plus basse, très traçante, utile pour purin/décoction. E. japonicum : plus droite, « bambusante », très ornementale, idéale en pot et en bord d’eau, mais traçante aussi si on la libère en pleine terre.

Ombre ou soleil ?

Les deux conviennent. En plein soleil, la prêle exige un sol gorgé d’eau. À mi-ombre/ombre claire, elle tolère un sol simplement frais et garde bien sa couleur.

Peut-on la cultiver en intérieur ?

Non, ce n’est pas une plante d’intérieur. En revanche, en bac extérieur sur balcon/terrasse, elle prospère si l’arrosage est très régulier et si le bac est profond.

Quelle rusticité ?

La plupart des prêles sont très rustiques (jusqu’à −20 °C et au-delà), le rhizome repart au printemps même si le feuillage a gelé.

À quelle fréquence pulvériser le purin de prêle ?

En préventif : tous les 7–14 jours en période à risque (printemps humide, chaleur orageuse), dilution 10–20 %. Après pluie forte, renouvelez dès que possible.

La prêle est-elle utile à la biodiversité ?

Oui : zones humides stabilisées, micro-habitats pour invertébrés, abris pour amphibiens et auxiliaires de bord d’eau. Laissez une part « sauvage » si vous en avez la place.

Idées d’associations et d’usages

  • Berges modernes : prêle + galets + carex/iris des marais = minimalisme graphique.
  • Écran vivant en bac : prêle du Japon + heuchères vert-citron + fougères.
  • Potager : cultivez une petite touffe de prêle des champs à l’écart pour une autonomie en matière première de purin.

©wiol5


Écrit par Jardiner Malin | La rédaction vous propose des conseils d'experts, une approche respectueuse de la nature, de beaux jardins et un potager fait de bons petits légumes cultivés au fil des saisons.