Connaître la fertilité du sol grâce aux plantes bio-indicatrices ?

plantes bio-indicatrices

La plus grande préoccupation des jardiniers c’est de savoir si leur sol est fertile. Si on veut faire pousser de beaux légumes cela reste primordial ! Les plantes bio-indicatrices nous aident à comprendre la santé de notre sol et la manière dont elle évolue. Pratique si on veut savoir comment va notre sol, s’il s’agrade ou si, au contraire, il se dégrade.

La plante indicatrice d’un sol fertile et équilibré

Le mouron blanc témoin d'un sol équilibréQu’est-ce qu’un sol fertile ? La fertilité d’un sol désigne sa capacité à produire. Ajoutons qu’un sol fertile ne présente aucun élément en excès ou en déficit, les organismes présents sont bien actifs.

La plante bio-indicatrice témoin d’un sol équilibré c’est le mouron blanc (Stellaria media). Si vous le voyez apparaître dans votre jardin, votre sol est en bonne santé !

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Légumineuses et crucifères : calcium, magnésium et potassium

Le calcium, le potassium et le magnésium sont des minéraux qui vont influencer les bactéries aérobies (celles qui ont besoin d’oxygène pour vivre). Ce sont elles qui dégradent la matière organique et qui aèrent le sol… À condition qu’elles y trouvent la nourriture nécessaire à leur vie et notamment ces trois minéraux.

Les plantes indicatrices d’un sol riche en bases sont les légumineuses et les crucifères. Notamment :

  • coquelicots (Papaver rhoeas) ;
  • des bleuets (Centaurea cyanus) ;
  • des bourses à pasteur (Capsella bursa-pastoris) ;
  • de la luzerne d’Arabie (Medicago arabica) ;
  • du radis ravenelle (Raphanus raphanistrum)…

Si vous les voyez, c’est que votre sol est riche et fertile.

Le pH et la fertilité

On le sait, le pH varie au fil des saisons et même selon les heures de la journée. Si vous faites un relevé de pH pensez que cette mesure fluctue.

Si votre pH est élevé (supérieur à 7)

Votre sol est riche en calcaire donc proscrivez les amendements calciques. De plus, le phosphore est bloqué car la vie microbienne aérobie est déficiente. La solution reste d’améliorer votre sol calcaire par des engrais verts de moutarde. Toutes les crucifères sont amélioratrices des sols calcaires.

  • Les plantes indicatrices de ce type de sol sont notamment les picrides et notamment la picride fausse vipérine (Picris echioides et Picris spp.), le plantain moyen (Plantago media) et la moutarde des champs (Sinapis arvensis).
  • Si vous voyez apparaître les pâquerettes (Bellis perennis) et les sauges des prés (Salvia pratensis) c’est que votre sol est en cours de décalcification !

Si votre pH est faible (inférieur à 6)

En cas de sol acide épandez des sables fins issus de carrière calcaire. C’est l’amendement calcique idéal car il a un effet durable et n’est pas perturbant pour la vie microbienne du sol. D’une manière générale, préférez des amendements calciques avec un broyage grossier. Ils seront plus lentement assimilés par le sol et ne viendront pas perturber sa vie microbienne.

Pour aller plus loin :

Les plantes indicatrices du carbone et du nitrate

Riche en carbone

Le carbone, si la vie de votre sol est au rendez-vous, se transformera rapidement en humus (s’il y a assez de nitrates) et contribuera à créer le complexe argilo-humique.

  • Un sol riche en matière organique végétale lève la dormance des espèces forestières comme les véroniques (Veronica hederaefolia et Veronica chamaedrys), les prunus (Prunus spinosa) et les aubépines (Crataegus spp.).
  • À l’inverse, si les nitrates sont déficients, ce sont les bactéries anaérobies qui vont, non pas dégrader, mais fossiliser cette matière organique. C’est-à-dire la rendre non biodégradable et non transformable en humus ! Ce sont aussi les espèces du carbone qui germent lorsque les nitrates sont déficients. Pensez à creuser votre sol pour voir s’il y a de la vie là-dessous !

Riche en nitrates

Lorsque le sol est riche en azote/nitrate cela lève la dormance des plantes nitratophiles comme le chénopode blanc (Chenopodium album), le lamier pourpre (Lamium purpureum) ou bien encore le liseron des champs (Convolvulus arvensis).

Les nitrites

Les nitrites sont produits lorsque l’air est totalement absent du sol, notamment par aggravation des hydromorphismes.

Les plantes indicatrices d’un taux de nitrite sont :

  • les géranium à feuilles rondes (Geranium rotundifolium) ;
  • les rumex (Rumex spp.) ;
  • l’agrostide stolonifère (Agrostis stolnifera) ;
  • le liseron des haies (Calystegia sepium) ;
  • le cirse des marais (Cirsium palustre) ;
  • le vératre blanc (Veratrum album).

Le remède ? Relancez la vie microbienne de votre sol en apportant du compost et aérez le sol en décompactant les 20 premiers centimètres.

Les plantes indicatrices d’un sol qui respire

Une structure grumeleuse, par laquelle l’eau et l’air passent : un sol avec une bonne porosité.

L’eau

Il s’agit de savoir si votre sol retient l’eau ou, à l’inverse, s’il est tellement compact que l’eau ne s’écoule plus, provoquant ainsi des hydromorphisme.

  • Une vie du sol pauvre et une capacité de rétention déficiente sont traduites par la levée de dormance de plantes aux racines fines et denses qui tendent à retenir le sol. C’est le cas de l’achillée millefeuille (Achillea millefolium) et des poacées (graminées) comme la canche caryophyllée (Aira caryophyllea) et la canche précoce (Aira praecox), la mibore minime (Mibora minima) et les vulpies (Vulpia spp.).
  • Au contraire, un sol hydromorphe se traduit par un excès d’eau qui va chasser l’air du sol. Cet excès lève la dormance de plantes aux grosses racinesElles cherchent à décompacter le sol et à lui rapporter l’oxygène qui lui manque. C’est le cas du grand plantain (Plantago major) et du datura officinal (Datura stramonium).
  • Pour y remédier, relancez la vie du sol (apport de compost et décompactage sur les 20 premiers centimètres).

Pour en savoir plus 

L’air

Si votre sol est asphyxié, compact, vous perdez la vie aérobie du sol ainsi que sa porosité.

Les plantes indicatrices d’un sol asphyxié sont caractérisées par de grosses racines, nombreuses et peu profondes. Elles remplacent les lombrics qui ont déserté les lieux. C’est le cas des principales plaies de nos jardins :

  • le liseron des champs (Convolvulus arvensis) ;
  • la renoncule rampante (Ranunculus repens) ;
  • la potentille rampante (Potentilla reptans).

On le voit, la fertilité d’un sol est en rapport avec la vie qu’il y abrite. Plus votre sol est vivant plus il est fertile. De nombreux indicateurs permettent de rendre compte de cette fertilité. À vos relevés !

Pauline Sutter


Crédits : PollyDot, Anna, Thomas et Pauline Sutterplan


Écrit par Pauline Sutter