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Cèpe de Bordeaux : le roi des cèpes

Cèpe de Bordeaux - Boletus edulis

Lorsque l’on parle de champignons, difficile de ne pas penser au cèpe de Bordeaux. Découvrez comment le reconnaître, où le trouver, le cuisiner et le conserver pour profiter de sa chair ferme et parfumée.

Remarque importante : En cas de doute sur l’identification d’un champignon, demandez conseil auprès d’un pharmacien.

Cèpe de Bordeaux : portrait et caractéristiques

Nom latin : Boletus edulis
Noms communs : Cèpe de Bordeaux, cèpe polonais, tête rousse, gros pied, cèpe du Périgord
Famille : Bolétacées
Comestibilité : Excellent comestible
Cueillette : Eté – automne

Où et quand trouver le cèpe ?

Le cèpe de Bordeaux se cueille principalement dans les bois de feuillus et de conifères, en plaine comme en montagne, souvent en lisière, clairières et sous couvert lumineux. La cueillette s’étale du milieu de l’été à l’automne, avec des poussées marquées après les orages suivis de douceur. Cherchez les zones de mousses, talus ombragés, pieds des vieux arbres et lisières abritées du vent.

 

Quand récolter le cèpe de Bordeaux
Forêts de feuillus (hêtres, chênes) et conifères : biotopes de choix pour le cèpe

Cèpe ou bolet : quelle différence ?

Les « bolets » regroupent divers genres de champignons à pores. On réserve en pratique le nom de « cèpe » aux espèces du genre Boletus commercialisables : cèpe de Bordeaux (B. edulis), cèpe bronzé (B. aereus), cèpe d’été (B. aestivalis) et cèpe des pins (B. pinophilus).

Bien reconnaître le cèpe de Bordeaux

Chapeau :

De 6 à 25 cm (parfois 40 cm), lisse à légèrement ridé, un peu gras par temps humide. Teinte brun clair à brun sombre, plus foncée au centre. Bord cerclé d’un liséré blanc caractéristique.

Pied :

Reconnaître le cèpe : pied renflé et réseau blanchâtre
Pied ventru chez les jeunes, avec fin réseau blanchâtre près du sommet

Massif (jusqu’à 20–25 cm), souvent renflé chez les jeunes sujets. Couleur blanc à brun clair. Présence d’un réseau réticulé discret sur la partie supérieure.

Tubes et pores :

Fins et blancs chez les jeunes, virant au jaune puis au verdâtre avec l’âge. Ne bleuissent pas à la pression (indice utile contre certaines confusions).

Chair :

Blanche, ferme, non bleuissante, brunâtre juste sous la cuticule du chapeau, à parfum typique et saveur douce.

Boletus edulis : confusions possibles (et comment les éviter)

  • Bolet bai (Imleria badia) : chapeau brun chocolat, pores bleuissants à la pression, pied plus fuselé.
  • Bolet amer (Tylopilus felleus) : pores rose pâle, saveur très amère, réseau du pied épais et sombre, chapeau plus chamois.

Ces confusions ne sont pas dangereuses, mais déçoivent en cuisine. Vérifiez l’absence de bleuissement et l’aspect des pores pour confirmer l’identification.

Cuisine : sublimer le cèpe de Bordeaux

Nettoyage : brosse souple/pinceau pour ôter mousses et aiguilles. Linge humide pour la cuticule. Évitez de tremper : l’eau gorge la chair. Parer la base terreuse, retirer les parties abîmées. Les pores verdâtres trop mous peuvent être ôtés avant cuisson.

 

Préparer et cuisiner le cèpe de Bordeaux
Brossage à sec et découpe nette : les bases d’une cuisson réussie

 

Découpe : chapeaux en tranches de 4–5 mm ; pieds en rondelles ou brunoise (risottos, farces).

Cuissons idéales :
À la poêle (beurre + filet d’huile d’olive) 6–10 min, feu vif, jusqu’à légère coloration noisette. Sel en fin de cuisson pour éviter de « faire suer ».
Au four (papillote/cocotte) pour une texture fondante.
En velouté (oignon doux, fond léger, crème) ou en tartare avec de jeunes bouchons (petites quantités).

Accords malins : ail nouveau, persil plat, thym, noisettes torréfiées, œufs (brouillade/omelette), pâtes fraîches, polenta crémeuse, risotto maison.

Conservation : séchage, la méthode reine

Sécher et conserver les cèpes
Tranches fines, 50 °C porte entrouverte : des chips de cèpes parfumées

Congélation possible, mais la texture perd en tenue. Privilégiez le séchage qui concentre les arômes :

  • Au four : tranches sur grille + papier sulfurisé, 50 °C, porte entrouverte, jusqu’à consistance craquante.
  • En chapelet : tranches enfilées sur fil, séchage en pièce sèche et ventilée.

Stockage en bocaux hermétiques, à l’abri de l’humidité et de la lumière. Réhydratation 20 min dans eau tiède/lait : gardez le liquide filtré pour lier sauces et risottos. Pour une dégustation immédiate, le cèpe frais se conserve 24 h au réfrigérateur (bac à légumes, contenant aéré).

Conseils de cueillette

  • Récoltez raisonnablement, laissez les très jeunes et les sujets trop âgés.
  • Coupez au couteau à ras du sol et rebouchez le trou de feuilles/mousse.
  • Évitez les zones polluées (bords de routes, friches traitées).
  • Transportez en panier pour ventiler et disséminer les spores.

FAQ – vos questions

Comment être sûr d’avoir un vrai cèpe de Bordeaux ?

Vérifiez l’ensemble des critères : chapeau brun lisse, bord finement blanchi, pores non bleuissants devenant verdâtres avec l’âge, pied ventru avec réseau discret au sommet, chair blanche non bleuissante au couteau et odeur typique.

Faut-il peler le chapeau ?

Non. La cuticule concentre des arômes. Contentez-vous d’un brossage soigné. Pelez uniquement les zones très abîmées.

Peut-on manger les pores ?

Oui s’ils sont encore blancs à jaunes. Quand ils deviennent verts et mous, retirez-les pour une meilleure texture.

Combien de temps cuire des cèpes à la poêle ?

6 à 10 minutes à feu vif selon l’épaisseur. La poêlée est prête quand l’eau s’est évaporée et que les tranches sont légèrement dorées.

Quels plats mettent le mieux en valeur le cèpe ?

Poêlée à l’ail et persil, risotto, pâtes fraîches, velouté crémeux, brouillade/omelette, poêlée de pommes de terre et noisettes.

Le cèpe cru est-il comestible ?

Uniquement jeune et en petite quantité, en lamelles très fines (tartare/carpaccio). La cuisson reste la voie la plus digeste.

Comment réhydrater des cèpes secs ?

Faites tremper 20 min dans eau tiède (ou lait). Égouttez, filtrez le liquide (café filtre) et réutilisez-le pour vos sauces.

Peut-on cultiver des cèpes au jardin ?

Non en pratique. Espèce mycorhizienne liée aux racines d’arbres ; on se contente de favoriser l’habitat (lisières, paillis léger, sols non travaillés).

Quelles confusions toxiques craindre ?

Les confusions usuelles (Imleria badia, Tylopilus felleus) sont surtout décevantes gustativement. En cas de doute, abstenez-vous et faites valider par un pharmacien.


©Adrian_am13, ©Miiisha, ©Stefan Schweihofer, ©ValterCirillo


Écrit par Christophe Dutertre | Diplômé en aménagement paysager et amoureux des jardins, Christophe vous accompagne dans cette passion qui nous réunit. Découvertes, conseils pratiques et écologie sont au programme.