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Fabriquer un oya maison, installer et économiser les arrosages

Fabriquer oyas

Avec le changement climatique et le décalage des saisons, jardiner relève de plus en plus du parcours du combattant. Parmi les problèmes que l’on peut rencontrer, la gestion de l’arrosage n’est pas le plus facile à aborder. Heureusement, l’oya, un système simple qui remonte à l’Antiquité, est une solution idéale pour vous aider. Et devinez quoi ? Vous pouvez fabriquer un oya vous-même !

Définition rapide d’un oya

Aussi appelé olla, l’oya est un récipient en terre cuite non vernissée. Son principe est simple : grâce à la porosité de l’argile, l’eau s’infiltre petit à petit dans les parois pour suinter vers l’extérieur. Une fois enterré, l’oya délivre ainsi une quantité d’eau régulière à proximité des racines des plantes.

Au lieu d’arroser en surface, ce qui mouille surtout la couche supérieure du sol et favorise l’évaporation, l’oya apporte l’eau en profondeur, là où les racines s’installent. C’est ce qui en fait un outil précieux pour les jardins soumis aux épisodes de chaleur ou de sécheresse.

Grâce à ce système, on évite trois phénomènes liés à l’arrosage « classique » et responsables d’un surcroît de consommation en eau :

  1. la perte d’humidité à cause de l’évaporation de l’eau en surface ;
  2. le ruissellement qui se produit lorsque la terre est trop sèche et qui empêche l’eau d’aller directement aux racines ;
  3. l’écoulement de l’eau au sol lors de l’irrigation des plantes en pot, le substrat n’ayant pas le temps d’absorber tout le précieux liquide.

Résultat : avec un oya, l’eau reste disponible plus longtemps, le sol garde une humidité constante et les plantes subissent moins de stress hydrique.

Matériel nécessaire

La fabrication d’un oya nécessite peu de matériel et, avec un peu de chance, vous possédez probablement déjà une partie du nécessaire chez vous. C’est ce qui en fait un excellent projet de bricolage pour les jardiniers qui souhaitent limiter leurs dépenses tout en gagnant en autonomie.

 

matériel pour fabriquer un oya
Tout le matériel pour fabriquer un oya maison

 

Pour fabriquer un oya, vous aurez ainsi besoin de :

  • 2 pots en terre cuite de type Deroma ;
  • 1 bouchon en liège ;
  • Du silicone ;
  • De la colle multi-supports ;
  • 2 serre-joints.

Vous pouvez bien sûr adapter ces matériaux avec ce que vous avez déjà sous la main, à condition de rester fidèle à l’esprit du système : terre cuite brute, bonne porosité et parfaite étanchéité des jonctions.

Coût total :

  • pour un oya de 3,4 litres : moins de 10 € ;
  • l’équivalent coûte en moyenne 30 € dans le commerce.

Au-delà de l’aspect économique, fabriquer votre oya vous-même permet de choisir la taille idéale selon vos bacs, vos pots ou la surface de vos planches de culture.

Fabriquer un oya en 4 étapes

1. Obstruez le premier pot :

Commencez par boucher le trou d’évacuation du premier pot. Pour cela, le plus simple est probablement de vous servir d’un bouchon en liège. Néanmoins, il est tout à fait possible d’utiliser un tesson de poterie, un morceau de carreau en faïence ou tout autre morceau de matériau non poreux.

 

fabriquer un oya avec un pot en terre cuite
Étape 1 : boucher le trou de drainage

 

Le plus important est de s’assurer que l’eau ne puisse pas s’écouler par cet orifice. À cette fin, l’usage de silicone permet d’assurer une bonne herméticité. Veillez à bien remplir tout l’espace autour du bouchon et à lisser la surface pour éviter les fuites.

Laissez sécher le temps indiqué sur le produit : un séchage incomplet risque de provoquer des fuites dès les premiers remplissages.

2. Vérifiez l’étanchéité et la porosité du pot :

Que l’eau ne puisse pas s’échapper par le fond du pot est une chose. Encore faut-il qu’elle puisse se répandre autrement. C’est pourquoi il est important de vous assurer que la porosité est suffisante. Si la terre cuite est trop dense ou vernissée, l’oya ne fonctionnera pas correctement.

 

vérifier la porosité d'un oya
Contrôler la porosité de la terre cuite

 

Comment le vérifier ? Remplissez le pot d’eau une fois le silicone bien sec. En principe, le récipient va tour à tour :

  • changer de couleur pour devenir plus foncé ;
  • se recouvrir d’une fine pellicule humide ;
  • former des gouttes d’eau de plus en plus grosses sur la surface extérieure.

Si ces trois phases se produisent, alors la perméabilité est correcte. À l’inverse, si la paroi reste claire et sèche, le pot n’est pas assez poreux : il faudra en choisir un autre, en terre cuite plus brute et non vernissée.

3. Collez les deux pots ensemble :

  • Appliquez de la colle multi-matériaux tout autour du bord d’un des deux pots.
  • Retournez le second pot et positionnez-le sur le premier, bord à bord.
  • Pour assurer une bonne adhésion entre les deux récipients, n’hésitez pas à utiliser deux serre-joints pour les maintenir ensemble pendant le séchage.
  • Lorsque la colle a bien séché, étalez une couche de silicone au niveau de la jonction afin de garantir l’herméticité.

 

coller deux pots en terre cuite pour faire un oya
Assemblage des deux pots en terre cuite

 

Prenez le temps de bien lisser le joint extérieur : c’est lui qui empêchera l’eau de s’échapper trop rapidement entre les deux poteries. Une fois sec, vous obtenez une sorte de « grosse jarre » entièrement en terre cuite, prête à être remplie.

4. Contrôlez à nouveau l’étanchéité :

Dernière étape pour fabriquer un oya : après le séchage complet du silicone, remplissez votre récipient afin de vérifier que l’ensemble des deux pots est bien étanche. À l’instar du bouchon de la première étape, l’important ici est de s’assurer que l’eau ne s’écoule pas trop vite par les jonctions.

L’idéal est d’observer le comportement de l’oya sur plusieurs heures : l’eau doit progressivement humidifier les parois sans fuite visible au niveau du joint. Si vous constatez un suintement à la jonction, rajoutez une fine couche de silicone et laissez à nouveau sécher.

Après cet ultime contrôle, votre système d’irrigation est prêt à l’usage.

Comment installer votre oya ?

Une fois votre oya fabriqué, il ne reste plus qu’à le mettre en place à l’endroit souhaité.

 

installer un oya maison
Mise en place d’un oya au potager

 

  • Commencez par creuser un trou suffisamment profond pour accueillir la poterie.
  • Déposez l’oya de sorte qu’il dépasse légèrement du niveau du sol : le col doit rester visible et accessible.
  • Rebouchez le trou en tassant bien, tout en veillant à ne pas casser le récipient.
  • Fermez l’orifice de remplissage avec un couvercle en terre cuite, comme un dessous de pot, pour limiter l’évaporation et empêcher les insectes de venir y pondre.

Autour de l’oya, plantez vos légumes ou vos fleurs à une distance de 20 à 40 cm selon leur taille adulte. Petit à petit, les racines se rapprocheront de la source d’humidité et exploiteront pleinement ce réservoir discret.

Quelques précautions d’usage

  • La terre cuite étant fragile, faites-en sorte que l’oya soit vide avant l’arrivée des premières gelées. Sinon, l’eau, en gelant, va se dilater et risquer de casser le pot. Ainsi, stoppez le remplissage quelques semaines avant l’hiver.
  • Pensez également à protéger l’orifice au-dessus du sol, en le fermant et en déposant une protection comme un épais paillage ou un couvercle bien ajusté.
  • Pour contrôler le volume d’eau dans l’oya, utilisez une baguette de bois sec et plongez-la dans le pot, comme une jauge. Vous pouvez aussi vous servir d’une corde lestée.
  • Évitez les chocs (pelle, bêche, pied…) aux abords de l’oya : une fissure réduira fortement son efficacité ou le rendra inutilisable.

 

paillage autour d'un oya
Paillage + oya : le duo gagnant pour économiser l’eau

Combiné à un bon paillage, votre oya maison devient un allié précieux pour passer les sécheresses estivales sans arroser tous les jours.

Où utiliser votre oya fait maison ?

Votre oya peut être enterré dans un carré potager, le long d’une culture de tomates, au milieu d’un massif de fleurs ou même dans un grand bac sur la terrasse. Il est particulièrement utile :

  • dans les sols qui sèchent vite ou sont difficiles à réhumidifier ;
  • pour les légumes gourmands en eau (courgettes, melons, tomates, concombres…) ;
  • pour les jardiniers qui s’absentent régulièrement et veulent sécuriser l’arrosage.

Vous voilà désormais propriétaire d’un bel oya fait maison, idéal pour contrôler les arrosages. Et pour une gestion encore plus écologique de l’eau, pourquoi ne pas adopter un récupérateur d’eau de pluie ?

FAQ – Vos questions

Combien de temps un oya fait maison dure-t-il ?

Si la terre cuite est de bonne qualité et protégée du gel, un oya maison peut durer plusieurs années. Le point le plus fragile reste la jonction entre les deux pots, d’où l’importance d’un bon collage et d’un joint silicone bien réalisé.

Peut-on utiliser une autre colle que la colle multi-supports ?

Il est conseillé d’utiliser une colle adaptée aux matériaux poreux et compatible avec un usage extérieur. Les colles de type « construction » ou « multi-supports » conviennent bien. Évitez les colles à bois simples, moins durables à l’humidité.

Quel volume d’oya choisir pour un carré potager ?

Pour un carré de 1 m x 1 m, un oya d’environ 3 à 4 litres est souvent suffisant. Pour des surfaces plus grandes, il est préférable d’en multiplier le nombre plutôt que de choisir un seul très gros modèle.

Peut-on déplacer un oya une fois installé ?

Oui, mais mieux vaut le faire à la fin de la saison ou lorsque le sol est bien humide, afin de limiter les risques de fissure et de ne pas abîmer les racines des plantes voisines.


©OlivierTuffé


Écrit par Christophe Dutertre | Diplômé en aménagement paysager et amoureux des jardins, Christophe vous accompagne dans cette passion qui nous réunit. Découvertes, conseils pratiques et écologie sont au programme.