Avec le changement climatique et le décalage des saisons, jardiner relève de plus en plus du parcours du combattant. Parmi les problèmes que l’on peut rencontrer, la gestion de l’arrosage n’est pas le plus facile à aborder. Heureusement, l’oya, un système simple qui remonte à l’Antiquité, est une solution idéale pour vous aider. Et devinez quoi ? Vous pouvez fabriquer un oya vous-même !
Aussi appelé olla, l’oya est un récipient en terre cuite non vernissée. Son principe est simple : grâce à la porosité de l’argile, l’eau s’infiltre petit à petit dans les parois pour suinter vers l’extérieur. Une fois enterré, l’oya délivre ainsi une quantité d’eau régulière à proximité des racines des plantes.
Au lieu d’arroser en surface, ce qui mouille surtout la couche supérieure du sol et favorise l’évaporation, l’oya apporte l’eau en profondeur, là où les racines s’installent. C’est ce qui en fait un outil précieux pour les jardins soumis aux épisodes de chaleur ou de sécheresse.
Grâce à ce système, on évite trois phénomènes liés à l’arrosage « classique » et responsables d’un surcroît de consommation en eau :
Résultat : avec un oya, l’eau reste disponible plus longtemps, le sol garde une humidité constante et les plantes subissent moins de stress hydrique.
La fabrication d’un oya nécessite peu de matériel et, avec un peu de chance, vous possédez probablement déjà une partie du nécessaire chez vous. C’est ce qui en fait un excellent projet de bricolage pour les jardiniers qui souhaitent limiter leurs dépenses tout en gagnant en autonomie.

Pour fabriquer un oya, vous aurez ainsi besoin de :
Vous pouvez bien sûr adapter ces matériaux avec ce que vous avez déjà sous la main, à condition de rester fidèle à l’esprit du système : terre cuite brute, bonne porosité et parfaite étanchéité des jonctions.
Coût total :
Au-delà de l’aspect économique, fabriquer votre oya vous-même permet de choisir la taille idéale selon vos bacs, vos pots ou la surface de vos planches de culture.
Commencez par boucher le trou d’évacuation du premier pot. Pour cela, le plus simple est probablement de vous servir d’un bouchon en liège. Néanmoins, il est tout à fait possible d’utiliser un tesson de poterie, un morceau de carreau en faïence ou tout autre morceau de matériau non poreux.

Le plus important est de s’assurer que l’eau ne puisse pas s’écouler par cet orifice. À cette fin, l’usage de silicone permet d’assurer une bonne herméticité. Veillez à bien remplir tout l’espace autour du bouchon et à lisser la surface pour éviter les fuites.
Laissez sécher le temps indiqué sur le produit : un séchage incomplet risque de provoquer des fuites dès les premiers remplissages.
Que l’eau ne puisse pas s’échapper par le fond du pot est une chose. Encore faut-il qu’elle puisse se répandre autrement. C’est pourquoi il est important de vous assurer que la porosité est suffisante. Si la terre cuite est trop dense ou vernissée, l’oya ne fonctionnera pas correctement.

Comment le vérifier ? Remplissez le pot d’eau une fois le silicone bien sec. En principe, le récipient va tour à tour :
Si ces trois phases se produisent, alors la perméabilité est correcte. À l’inverse, si la paroi reste claire et sèche, le pot n’est pas assez poreux : il faudra en choisir un autre, en terre cuite plus brute et non vernissée.

Prenez le temps de bien lisser le joint extérieur : c’est lui qui empêchera l’eau de s’échapper trop rapidement entre les deux poteries. Une fois sec, vous obtenez une sorte de « grosse jarre » entièrement en terre cuite, prête à être remplie.
Dernière étape pour fabriquer un oya : après le séchage complet du silicone, remplissez votre récipient afin de vérifier que l’ensemble des deux pots est bien étanche. À l’instar du bouchon de la première étape, l’important ici est de s’assurer que l’eau ne s’écoule pas trop vite par les jonctions.
L’idéal est d’observer le comportement de l’oya sur plusieurs heures : l’eau doit progressivement humidifier les parois sans fuite visible au niveau du joint. Si vous constatez un suintement à la jonction, rajoutez une fine couche de silicone et laissez à nouveau sécher.
Après cet ultime contrôle, votre système d’irrigation est prêt à l’usage.
Une fois votre oya fabriqué, il ne reste plus qu’à le mettre en place à l’endroit souhaité.

Autour de l’oya, plantez vos légumes ou vos fleurs à une distance de 20 à 40 cm selon leur taille adulte. Petit à petit, les racines se rapprocheront de la source d’humidité et exploiteront pleinement ce réservoir discret.

Combiné à un bon paillage, votre oya maison devient un allié précieux pour passer les sécheresses estivales sans arroser tous les jours.
Votre oya peut être enterré dans un carré potager, le long d’une culture de tomates, au milieu d’un massif de fleurs ou même dans un grand bac sur la terrasse. Il est particulièrement utile :
Vous voilà désormais propriétaire d’un bel oya fait maison, idéal pour contrôler les arrosages. Et pour une gestion encore plus écologique de l’eau, pourquoi ne pas adopter un récupérateur d’eau de pluie ?
Si la terre cuite est de bonne qualité et protégée du gel, un oya maison peut durer plusieurs années. Le point le plus fragile reste la jonction entre les deux pots, d’où l’importance d’un bon collage et d’un joint silicone bien réalisé.
Il est conseillé d’utiliser une colle adaptée aux matériaux poreux et compatible avec un usage extérieur. Les colles de type « construction » ou « multi-supports » conviennent bien. Évitez les colles à bois simples, moins durables à l’humidité.
Pour un carré de 1 m x 1 m, un oya d’environ 3 à 4 litres est souvent suffisant. Pour des surfaces plus grandes, il est préférable d’en multiplier le nombre plutôt que de choisir un seul très gros modèle.
Oui, mais mieux vaut le faire à la fin de la saison ou lorsque le sol est bien humide, afin de limiter les risques de fissure et de ne pas abîmer les racines des plantes voisines.
©OlivierTuffé