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Oeil du paon : cause et traitements des tâches sur les feuilles de l’olivier

Oeil du paon olivier

L’œil du paon, provoqué par le champignon Spilocaea oleaginea, est la principale maladie foliaire de l’olivier. Si elle compromet rarement la récolte des olives dans les jardins bien suivis, elle peut, en cas de forte pression, entraîner défoliation, baisse de vigueur et perte de rendement. Voici un guide complet et pratique pour l’identifier à coup sûr, agir au bon moment et limiter durablement sa progression.

🔎 Le saviez-vous ?

  • Le champignon colonise d’abord le limbe foliaire puis hiverne dans les tissus : les symptômes peuvent n’apparaître qu’au printemps suivant.
  • Les contaminations ont lieu surtout après pluies ou brouillards persistants lorsque les feuilles restent humides plusieurs heures.
  • Une taille d’aération qui laisse « entrer le soleil » au centre de l’arbre réduit fortement l’incidence de la maladie.
  • La bouillie bordelaise n’est pas curative : elle protège les feuilles saines et freine la propagation lors des périodes à risque.

Œil du paon : cause et facteurs favorisants

L’agent pathogène Spilocaea oleaginea se développe dans les ambiances humides et douces. C’est pourquoi la maladie est plus fréquente en climat méditerranéen et dans les régions à automnes et printemps pluvieux. Les conditions typiques : humidité persistante des feuilles (pluie, rosée, brouillard), températures de 15 à 25 °C, et manque d’aération dans le houppier (plantations denses, tailles trop compactes, expositions ombragées).

  • Humidité élevée : temps de mouillure prolongé = risque élevé de contaminations.
  • Températures modérées : la plage 15–25 °C est idéale pour le champignon.
  • Ventilation insuffisante : feuillage dense, haies coupe-vent trop proches ou arrosage par aspersion maintiennent les feuilles humides.

Reconnaître les symptômes

Les symptômes apparaissent surtout sur les feuilles adultes. La forme caractéristique consiste en des taches circulaires brunes à noires entourées d’un halo jaune-vert, évoquant un œil stylisé.

Feuilles d’olivier présentant des taches d’œil du paon
Taches circulaires brun-olivâtre à halo jaune : l’aspect typique de l’« œil ».

 

  1. Taches rondes (« œil ») : cercles concentriques brun-olive avec auréole jaunâtre.
  2. Jaunissement puis chute des feuilles : défoliation plus ou moins sévère, branches qui se clairsement.
  3. Baisse de vigueur : photosynthèse réduite, croissance ralentie, sensibilité accrue aux stress (sécheresse, froid).

Diagnostic différentiel : ne pas confondre avec la fumagine (suie noire en surface liée au miellat des cochenilles), la carence (jaunissement diffus sans taches circulaires nettes) ou des brûlures de froid (zones nécrosées irrégulières en périphérie des feuilles).

Calendrier de risque et intervention

La pression de l’œil du paon est la plus forte en automne et au printemps, périodes humides et douces. La stratégie gagnante repose sur l’anticipation : prévenir l’installation du champignon, surveiller l’apparition des premiers symptômes et protéger les nouvelles feuilles lors des fenêtres météo à risque.

  • Fin d’été – automne : taille d’aération, suppression du bois malade, ramassage des feuilles tombées.
  • Avant épisodes pluvieux : protection préventive des feuilles saines (voir « Bouillie bordelaise » ci-dessous).
  • Fin d’hiver – début de printemps : nouvelle protection si la météo annonce pluie + douceur; contrôle visuel deux à trois fois par mois.

Actions essentielles

Taille d’aération et entretien pour limiter l’œil du paon
Taille d’aération, arrosage au goutte-à-goutte et hygiène : la base de la prévention.
  • Taille : aérer la couronne en supprimant les rameaux vers l’intérieur et les entrecroisements. Le soleil doit entrer au cœur de l’arbre.
  • Irrigation : éviter l’aspersion qui humidifie longuement les feuilles; privilégier le goutte-à-goutte.
  • Nourrir sans excès : un apport de compost et un engrais équilibré au printemps renforcent la résistance; éviter les excès d’azote.
  • Hygiène : ramasser et éliminer les feuilles tombées (ne pas composter), désinfecter le sécateur entre arbres.

Bouillie bordelaise : quand et comment l’utiliser ?

Les fongicides cupriques (bouillie bordelaise, formes homologuées) agissent en préventif : ils forment un film protecteur sur la feuille qui réduit les contaminations. Ils ne « soignent » pas les feuilles déjà atteintes, mais peuvent limiter la progression.

  • Moments clés : juste avant des périodes annoncées pluvieuses et douces (automne, printemps), et après une taille d’aération.
  • Couverture du feuillage : pulvériser soigneusement dessus/dessous des feuilles et le bois jeune; renouveler en cas de fortes pluies lessivantes, en respectant scrupuleusement l’étiquette.
  • Bonnes pratiques : limiter les applications au strict nécessaire et privilégier les mesures culturales pour réduire la dépendance aux traitements.

Surveillance et seuils d’alerte

  • Inspectez vos oliviers toutes les 2–3 semaines en période à risque. Si vous observez des taches typiques et une chute de feuilles dans la partie interne du houppier, c’est souvent le signe d’une aération insuffisante.
  • Intervenez alors par une taille légère et mettez en place une protection préventive avant la prochaine pluie douce.

Questions fréquentes (FAQ)

Quand traiter à la bouillie bordelaise ?
En préventif, avant une séquence pluie + douceur (automne et fin d’hiver/début de printemps). Renouvelez seulement si la pluie a fortement lessivé la protection et toujours dans la limite légale indiquée par l’étiquette.
Puis-je sauver les feuilles déjà tachées ?
Non, elles ne reverdissent pas. L’objectif est de protéger les nouvelles feuilles et de réduire la pression en aérant l’arbre et en améliorant le microclimat.
Les feuilles tombées propagent-elles la maladie ?
Oui. Ramassez-les et évitez le compost domestique. Éliminez-les avec les déchets verts municipaux.
L’arrosage par aspersion est-il déconseillé ?
Oui : il prolonge la mouillure foliaire, ce qui favorise les contaminations. Préférez le goutte-à-goutte au pied.
Toutes les variétés d’olivier sont-elles identiques face à l’Œil du paon ?
La sensibilité varie selon les cultivars. Dans un jardin privé, misez surtout sur la bonne aération, un drainage correct, et des protections préventives au bon moment.

Conseil malin

Dans les jardins exposés aux brouillards d’automne, plantez l’olivier à l’écart des écrans coupe-vent denses et évitez les murs nord confinants. Un emplacement léger courant d’air + plein soleil suffit souvent à faire baisser la maladie d’un cran, sans multiplier les traitements.

Récap’ express : votre plan d’action

  • Identifier les taches circulaires à halo jaune et la défoliation.
  • Aérer par une taille qui ouvre le centre.
  • Nettoyer les feuilles tombées et désinfecter les outils.
  • Protéger préventivement au cuivre avant pluie + douceur (respect des étiquettes).
  • Irriguer au goutte-à-goutte, éviter la mouillure du feuillage.
  • Surveiller toutes les 2–3 semaines en saison humide.

En combinant ces gestes simples et des protections ciblées au bon moment, on contrôle efficacement l’œil du paon tout en préservant la santé de l’arbre et l’équilibre du jardin.


©Jardiner-Malin.fr


Écrit par Jardiner Malin | La rédaction vous propose des conseils d'experts, une approche respectueuse de la nature, de beaux jardins et un potager fait de bons petits légumes cultivés au fil des saisons.