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La cochenille à carapace : la reconnaître et la traiter

cochenille à carapace

Tout comme sa cousine farineuse, la cochenille à carapace appartient à la grande famille des Coccidés. Elle se reconnaît à sa « carapace » rigide, plate ou bombée, qui rappelle une minuscule tortue et se confond avec l’écorce. Discrète mais redoutable, elle pique les tissus et aspire la sève, affaiblissant durablement les plantes ornementales (hortensia, houx, cornouiller…), les arbres (pin, érables…) et de nombreux fruitiers (olivier, figuier, agrumes…). Sa lutte demande patience, régularité et de bons réflexes de prévention.

🔎 Le saviez-vous ?

  • La cochenille à carapace est dite lécanine : sa carapace est indissociable du corps, contrairement aux cochenilles à bouclier.
  • Son miellat sucré attire fourmis et favorise la fumagine (suie noire) qui gêne la photosynthèse.
  • En intérieur chauffé, le ravageur peut boucler jusqu’à 5 générations/an : d’où l’importance d’une surveillance hebdomadaire.
  • Les stades larvaires mobiles (petits « marcheurs ») sont les plus faciles à atteindre par les traitements.
  • Un environnement lumineux, aéré et une fertilisation maîtrisée rendent la plante moins attractive pour les cochenilles.

Identifier les cochenilles à carapace

Également appelées cochenilles lécanines, elles portent une carapace ovale à arrondie, plate ou légèrement bombée, brune, noire ou grise. De 3 à 8 mm, elles semblent soudées à l’écorce et restent immobiles, ce qui les rend difficiles à voir. En grattant délicatement à l’ongle, on peut souvent les décoller. Elles piquent les tissus et aspirent la sève, sécrètent du miellat (film collant) et déclenchent fréquemment la fumagine.


Cochenille à carapace sur rameau : identification
Carapaces sombres fixées sur la nervure et les jeunes tiges.

Les mâles, ailés et éphémères, ne vivent que pour se reproduire. Les larves, rougeâtres ou jaunâtres (≈ 1 mm), se déplacent car munies de pattes. Les femelles, elles, demeurent fixées sous la carapace.

Cycle de vie

  • La femelle pond des milliers d’œufs sous la carapace puis meurt. Certaines espèces forment un ovisac pulvinaire blanc, cireux, pouvant soulever la carapace.
  • À l’éclosion, les jeunes larves migrent vers feuilles et tiges pour s’installer.
  • Elles passent 2 à 3 stades, puis deviennent adultes.
  • La diapause hivernale se fait souvent au stade larvaire ; au printemps, reprise d’activité et nouvelle génération.

En extérieur, on observe 1 à 2 générations/an. En intérieur chauffé, jusqu’à 5 générations peuvent se succéder, ce qui explique les infestations rapides sur plantes d’appartement.

Plantes fréquemment touchées


Cochenilles à carapace sur citronnier
Agrumes, arbustes d’ornement et conifères peuvent être colonisés.
  • Poux des hespérides (Coccus hesperidum) sur plantes d’intérieur (ficus, orchidées, anthuriums) et agrumes (citronnier, oranger, clémentinier).
  • Cochenille du cornouiller (Parthenolecanium corni).
  • Pulvinaire de l’hortensia (Pulvinaria hydrangeae).
  • Cochenille noire de l’olivier (Saissetia oleae).
  • Pulvinaire du houx (Pulvinaria floccifera).
  • Cochenille tortue du pin (Toumeyella parvicornis).

D’autres hôtes fréquents : érables, tilleuls, mûriers, camélias, fusains. Les dégâts se traduisent par taches et nécroses, jaunissement et chute des feuilles, ralentissement de croissance et sensibilité accrue aux maladies.

Traitements : agir au bon moment

La régularité est la clé. Combinez plusieurs méthodes et ciblez en priorité les jeunes larves mobiles (printemps/début d’été, ou relances en intérieur).

  • Jet d’eau puissant pour les arbustes et arbres : décroche une grande partie des individus. Renouveler 2–3 fois à quelques jours d’intervalle.
  • Nettoyage à l’alcool (90 °, ou 70 ° dénaturé) au coton-tige/brosse à dents souple sur tiges et nervures. Bien rincer ensuite en extérieur.
  • Mélange « noir » doux : 1 c. à soupe de savon noir + 1 c. à soupe d’huile végétale (colza) + 1 c. à soupe d’alcool par litre d’eau tiède. Pulvériser sous les feuilles et sur les rameaux, 2 à 3 passages espacés de 7 jours.
  • Taille/suppression des parties très infestées (sacs poubelle fermés).
  • Huiles végétales horticoles (colza, paraffiniques d’origine végétale) : asphyxient les cochenilles, surtout en hiver sur formes hivernantes. Éviter l’application au soleil et sur plantes stressées.

Identifier pour mieux traiter
Intervenir tôt, cibler les jeunes stades, répéter les passages.

Lutte biologique en extérieur : favoriser ou introduire des coccinelles (par ex. Exochomus quadripustulatus) et des chrysopes (Chrysoperla carnea) prédatrices. Leur présence est favorisée par une gestion douce (pas d’insecticides non sélectifs, haies variées, fleurs nectarifères).

Prévenir l’installation

  • Quarantaine de toute plante nouvellement achetée pendant 2–3 semaines. Inspecter dessus/dessous des feuilles, pétioles, entre-nœuds, écorce.
  • Conditions de culture adaptées : lumière suffisante, arrosages mesurés, pas d’excès d’azote (tissus tendres très attractifs), rempotage si substrat épuisé.
  • Favoriser la biodiversité : prairies fleuries, haies libres, plantes mellifères pour attirer coccinelles, chrysopes et syrphes.
  • Hygiène : nettoyer miellat et fumagine à l’éponge humide + savon noir, rincer. Le film sucré attire fourmis et protège les cochenilles.

Prévention contre les cochenilles à carapace
Inspection régulière et bon entretien : les meilleurs boucliers.

FAQ – Vos questions

Comment distinguer cochenille à carapace et cochenille farineuse ?
La farineuse porte des amas cotonneux et s’enlève aisément. La cochenille à carapace ressemble à une écaille collée, dure et pigmentée, sans « coton ».
Le savon noir suffit-il ?
Efficace sur jeunes stades et pour décrocher le miellat, surtout répété. Sur adultes bien cuirassés, combinez avec huile végétale et action mécanique.
Puis-je traiter un agrume en intérieur ?
Oui, mais aérez la pièce, protégez le sol, testez d’abord sur une feuille, traitez le soir et rincez 24 h plus tard si nécessaire.
Que faire de la fumagine noire ?
Éliminer la cause (cochenilles), puis essuyer les feuilles à l’éponge avec eau tiède + une noisette de savon noir. Rincer.
Les huiles tuent-elles les auxiliaires ?
Elles sont peu sélectives en contact. Évitez de pulvériser quand des larves de coccinelles/chrysopes sont visibles et privilégiez des applications ciblées en période froide ou le soir.

Photos : ©Vinicius Souza · ©Vinicius Rodriguez de Souza · ©Andrew Waugh · ©Heather Brocard-Bell


Écrit par Pascale Bigay | L'écriture a ponctué la vie de Pascale. Tout comme la nature, la botanique, le jardinage... C'est pourquoi à travers ses mots, elle vous fait partager ses expériences et ses découvertes de jardinage, ses plantations de vivaces ou d'arbustes, ses recettes du potager, la vie de ses poules...