Graminées ornementales : idées d’associations pour un jardin naturel et vivant
Souvent sous-estimées, les graminées ornementales jouent pourtant un rôle essentiel dans la composition d’un jardin naturel, vivant et fluide. Leur feuillage souple, leurs inflorescences plumeuses, et leur légèreté au vent apportent une touche de poésie unique. Qu’elles soient installées en massifs, bordures, bacs ou prairies fleuries, elles s’associent à merveille avec une multitude de vivaces, de bulbes et même d’arbustes.
Vous cherchez des idées pour les intégrer harmonieusement à votre jardin ? Voici un tour d’horizon inspirant, pratique et facile à mettre en œuvre.
Pourquoi adopter des graminées au jardin ?
Les graminées ont de nombreux atouts :
Un graphisme naturel, très structurant même en hiver
Un entretien minimal, sans arrosage ni engrais
Une floraison souvent prolongée, sous forme d’épis, panicules ou plumeaux
Une résistance au froid, à la sécheresse et aux maladies
Une capacité à dynamiser les scènes végétales, en jouant avec le vent et la lumière
Certaines sont persistantes, d’autres caduques ; certaines se ressèment librement, d’autres forment des touffes stables. Ce sont des plantes étonnamment riches et variées.
Quelles graminées choisir ?
Voici une sélection de graminées ornementales pour différents usages :
Pour les massifs ensoleillés
Stipa tenuissima (cheveux d’ange) : très léger, presque vaporeux
Déferlement de galets empreints de parfums de garrigue
Cet aménagement urbain évoque avec beaucoup de réalisme un torrent asséché dévalant les pentes d’un paysage de garrigue. En quelques traits, le mariage du minéral et de quelques végétaux typés suffit à peindre un paysage méditerranéen : évocation d’un climat sec, assommé de chaleur d’où s’élève une brise légère.
Sur fond d’alignement d’arbres, devancé par une haie moutonnante d’éléagnus et de fusains se profile une grande plage de galets blancs.
Au premier plan, un cheminement de gros galets rouges alterne avec des lavandes, santolines et touffes éparses de cheveux d’ange (Stipa tenuifolia). Le mouvement léger et la blondeur des chaumes du Stipa contrastent joliment avec les formes massives des galets rouges et les boules de buis.
Stipa tenuifolia ou Stipa tenuissima ‘Ponytails’ sont des graminées vivaces peu exigeantes et vraiment faciles à installer en sol drainant. Elles forment des touffes denses de 50 cm vert bronze, surmontées d’épis blonds en juillet. Elles se ressèment volontiers dans les gravats.
Une grande potée émaillée de rouge et un grand palmier en bac viennent cependant rafraîchir l’ambiance et nous ramènent à quelque chose de plus « urbain ». Ce Coco du Chili (Jubaea chilensis) aux palmes arquées trône ainsi royalement et donne du relief à la scène.
Scène légère avec 3 composants
La grande amourette (Briza maxima) forme une toile de fond tremblotante aux éclats d’argent qui met en valeur la scène.
Les épis pendants de cette graminée mettent en relief les tonalités vives du géranium vivace (Geranium sanguineum) et de la sauge arbustive rouge (Salvia grahamii).
Briza maxima est annuelle. Elle se sème ainsi soit à l’automne, soit au printemps après un passage au réfrigérateur de un mois afin de lever la dormance.
Ses épillets, plus grands et plus denses que ceux de l’amourette vivace Briza media, atteignent de 8 à 10 cm de long. Vous pouvez aussi récolter les chaumes pour confectionner des bouquets secs.
Mur végétal richement coloré
Dans ce mur végétal, le feuillage retombant de l’Herbe du Japon (Hakonechloa macra) donne du relief à la fois par sa forme et par sa teinte dorée au tableau.
Il tranche avec les teintes sombres des Heuchères et Euphorbes pourpres, mais aussi des fougères Polystichum polyblepharum et sauges officinales vert foncé.
Les tonalités intermédiaires sont par ailleurs apportées par la mélisse et le fraisier des bois.
Les lavandes et giroflées (Erysimum) ajoutent des teintes neutres gris vert.
Pour finir, la floraison blanche du gazon d’Espagne (Armeria maritima ‘Alba’) apporte des touches de lumière.
Hakonechloa macra ‘Aureola’ est une graminée très élégante qui apprécie les ambiances fraîches mi-ombragées. Son feuillage retombant jaune nervuré de vert est caduc.
Banquette au vent !
Les plates-bandes plantées d’iris des jardins sont ici bordées d’un talus sableux retenu par des madriers verticaux.
Les touffes de cheveux d’ange (Stipa tenuifolia) forment une bordure mouvante aux reflets nacrés.
Les silhouettes graphiques de quelques touffes de prêle s’invitent au décor. Dans le fond, les grandes masses panachées du roseau de Chine (Miscanthus sinensis ‘Zebrina’) forment un écran vert et or.
Miscanthus sinensis ‘Zebrina’ forme une imposante touffe peu traçante, remarquable surtout par la couleur de son feuillage linéaire, strié de vert et de jaune. Des panicules brun pourpre coiffent la touffe en fin d’été.
En avant les bleus !
Les bleus marqués du Nepeta x faassenii, de la sauge Salvia nemorosa, du Pétunia et du Lobélia sont soulignés par les chaumes glauques et persistants de l’Avoine bleue (Helictrotichon sempervirens) et du blé d’azur (Leymus arenarius).
Helictrotichon sempervirens apprécie les sols humifères et poreux, de mauvaises conditions rendant les feuilles sensibles à la rouille. En juillet-août, des panicules retombantes couleur paille de 1,20 m contrastent joliment avec le feuillage raide bleuté.
Le Leymus arenarius pousse volontiers dans le sable où il peut même devenir envahissant. On l’utilise notamment pour fixer les dunes. Taillé à la cisaille, il peut aussi servir de « gazon » dans les jardins de terre sableuse. Ses grandes feuilles rubanées en touffe échevelée se hérissent d’épis rappelant le blé, de juin à août.
Un potager haut en couleurs
La parcelle de potager offre ici un fabuleux mélange de couleurs et de formes avec les blettes colorées au premier plan qui font écho à l’Herbe aux écouvillons rougePennisetum setaceum ‘Rubrum’.
Pennisetum setaceum ‘Rubrum’, peu rustique (-5 °C), est ainsi souvent cultivé comme annuelle. Il bénéficie d’une croissance très rapide qui lui permet d’atteindre 1 m sur 90 cm de large en quelques mois. Ses élégants chaumes pourpres supportent à la fois le vent, les embruns et la sécheresse, une fois qu’il est bien installé.
Conseils du jardinier – FAQ
Doit-on tailler les graminées chaque année ? Oui. Les graminées caduques se taillent en fin d’hiver (février-mars), avant la reprise de végétation. Les graminées persistantes, elles, se contentent d’un nettoyage à la main ou au râteau en retirant les feuilles sèches.
Faut-il les arroser ? Pas forcément. La plupart des graminées sont sobres une fois bien installées et tolèrent bien la sécheresse. En pot en revanche, un arrosage régulier est nécessaire, surtout en été.
Les graminées se ressèment-elles ? Oui pour certaines (Stipa tenuissima, Briza media…), mais rarement de façon envahissante. Vous pouvez limiter leur propagation en coupant les épis avant que les graines ne soient mûres.
Les graminées attirent-elles les moustiques ? Non. Elles n’ont pas de lien particulier avec la prolifération des moustiques. Au contraire, elles favorisent une biodiversité équilibrée dans le jardin.
Peut-on les planter à l’automne ? Oui, l’automne est même une excellente saison pour les installer. Le sol encore chaud permet un bon enracinement avant l’hiver, ce qui donne des plantes plus solides au printemps suivant.