Le scolyte, voici le nom de ce terrible ravageur de nos forêts

scolyte

Derrière le scolyte se cache non pas un insecte mais plusieurs coléoptères appartenant à des espèces et genres différents. Avec le réchauffement climatique, cet insecte xylophage s’est durablement installé dans plusieurs régions françaises, occasionnant de graves dégâts dans nos forêts d’épicéas, de pins et d’autres arbres feuillus ou fruitiers. Au point d’impacter la filière bois.

Pour en savoir plus : Nos articles sur les maladies et parasites du jardin 

Les scolytes, c’est quoi ces insectes ?

scolyteLes scolytes sont des insectes xylophages de genres et d’espèces multiples. Longs de 2 à 7 mm suivant les espèces, ils étaient, jusqu’à ces dernières années, considérés comme des insectes utiles dans le sens où ils aidaient à la décomposition du bois mort. C’étaient des acteurs essentiels des écosystèmes forestiers.

Sauf, qu’avec le réchauffement climatique, la succession des printemps et des étés chauds, des automnes tardifs, des hivers doux, les arbres de nos forêts souffrent de stress hydrique. Et deviennent des « proies » faciles pour ces insectes qui profitent aussi des conditions climatiques douces pour proliférer. Souvent accompagnés d’un champignon qui accentue les dégâts.

Il existe une multitude de scolytes qui s’attaquent spécifiquement à certaines essences :

  • Le scolyte typographe (Ips typographus) qui s’en prend aux épicéas
  • Le scolyte sténographe (Ips sexdentatus) et le bastophage du pin (Tomicus piniperda) qui préfèrent les pins
  • Le grand scolyte du mélèze (Ips cembrae)
  • Le Scolytus scolytus qui décime les ormes
  • Le Leperinus varius qui a une prédilection pour les frênes
  • Le Scolytus intricatus infeste les forêts de chênes (Quercus)
  • Le coléoptère du hêtre (Taphrorychus bicolor)

Sans oublier d’autres scolytes : le bostryche disparate (Scolytus mali) et le petit scolyte (Ruguloscolytus rugulosus) s’en prend à tous les arbres fruitiers et la vigne, tandis que d’autres attaquent les amandiers ((Ruguloscolytus amygdali) et les oliviers (Phlaeotritus scarabeoïdes ou Neiroun)

Quel est le cycle de vie du scolyte ?

  • Au printemps (dès que les températures atteignent 18 à 20 °C) et jusqu’en été, les mâles et les femelles pénètrent dans l’écorce de l’arbre en creusant un trou ou en utilisant une plaie. Ils se nourrissent du cambium, la couche tendre de bois située juste sous l’écorce
  • Ils creusent une chambre d’accouplement où les femelles pondent une centaine d’œufs dans une galerie annexe
  • Les larves éclosent et forent de nouvelles galeries perpendiculaires à la galerie principale. Elles s’y alimentent du bois tendre et se nymphosent
  • De nouveaux adultes sortent par un trou creusé dans l’écorce et le cycle recommence sur un autre arbre dans un rayon d’1 km

Chaque cycle durant 4 à 6 semaines, il peut y avoir 3 à 4 générations par an. Sachant que les larves hibernent de façon invisible sous l’écorce de l’arbre.

Quels sont les dégâts occasionnés par les scolytes ?

Les symptômes d’une attaque de scolytes sont multiples et doivent alerter :

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  • Le dessèchement de quelques branches et rameaux
  • Le soulèvement de l’écorce à certains endroits
  • La présence d’une multitude de petits trous de 2 mm de diamètre dans l’écorce, accompagnés de sciure ou d’écoulement de sève
  • Des dessins très réguliers sous l’écorce soulevée et la présence d’adultes, d’œufs ou de larves
  • Les aiguilles des conifères qui brunissent et tombent.

Avec le temps, les arbres dépérissent, sèchent et meurent car la sève ne circule plus. À ces dégâts s’ajoute le développement de maladies associées comme la graphiose pour les ormes ou des maladies cryptogamiques.

Importance de la prévention

Bien qu’il existe des traitements chimiques, utilisés en sylviculture sur le bois coupé, ils sont bien trop dangereux pour être déployés au jardin ou au verger. C’est pourquoi la seule lutte efficace est préventive :

  • L’observation attentive des arbres permet de repérer les petits trous et d’éliminer les branches ou les arbres atteints qui sont brûlés
  • Le maintien de la vigueur des arbres par des arrosages et des amendements avec du compost et des engrais naturels réguliers. Ainsi, l’arbre ne sera pas en souffrance ou en stress hydrique et résistera mieux
  • La pose de pièges à phéromones permet d’une part d’observer l’activité des colonies et de capturer les mâles
  • L’évacuation des branches et arbres morts qui émettent des phytohormones attirant les scolytes
  • Le développement de la biodiversité dans votre jardin ou verger pour attirer les ennemis naturels des scolytes à savoir certains coléoptères, quelques mouches et guêpes parasitoïdes, mais aussi les pics verts et les pics épeiches

Pour aller plus loin :


©Goldi59 ©Helin Loik-Tomson ©HHelene


Écrit par Pascale Bigay | L'écriture a ponctué la vie de Pascale. Tout comme la nature, la botanique, le jardinage... C'est pourquoi à travers ses mots, elle vous fait partager ses expériences et ses découvertes de jardinage, ses plantations de vivaces ou d'arbustes, ses recettes du potager, la vie de ses poules...