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Cloque du pêcher : reconnaître, prévenir et limiter les dégâts

Cloque du pêcher traitement

La cloque du pêcher est une maladie cryptogamique très courante, due au champignon Taphrina deformans. Elle touche principalement le pêcher, mais aussi le nectarinier, l’abricotier, parfois l’amandier et le prunier. Le parasite infecte surtout les jeunes feuilles au débourrement, puis peut gagner les rameaux et, plus rarement, les fruits. Non prise à temps, l’attaque épuise l’arbre, compromet sa mise à fruit et peut entraîner la perte d’une récolte.

Reconnaître la cloque du pêcher

Les symptômes apparaissent dès le débourrement (sortie des jeunes feuilles) et évoluent rapidement. Sur pêcher et nectarinier, on observe :

  • Feuilles boursouflées, gaufrées, enroulées ou « cloquées », de texture épaissie et cassante.
  • Changements de couleurs : jaune, orange, rouge, puis brun. Les feuilles finissent par tomber (parfois dès mai-juin).
  • Rameaux parfois déformés, croissance freinée, bouquets floraux appauvris.
  • Sur fruits : déformations, liégeifications, chute prématurée si l’infection survient tôt.
  • Réaction de l’arbre : restitution de feuillage en début d’été, au prix d’une forte dépense d’énergie qui affaiblit la fructification.

Feuilles cloquées et déformées sur pêcher
Feuilles boursouflées et déformées : signe typique de la cloque du pêcher.

Cycle de la cloque du pêcher

Le champignon Taphrina deformans hiverne sous forme de spores et de filaments sur l’écorce, dans les écailles des bourgeons ou dans les crevasses des rameaux. Au printemps, lorsque la température dépasse ~10 °C et que l’air est humide, les spores germent et contaminent les tissus jeunes au moment de leur sortie. Le mycélium perturbe la croissance des cellules, d’où les fameuses « cloques ». La maladie devient visible quelques jours à quelques semaines après l’infection. Une fois l’air plus sec et chaud, l’agent pathogène cesse sa progression active et l’arbre peut reconstituer un feuillage sain.

  • Périodes à risque : fin d’hiver → printemps humide (pluies répétées, brouillards).
  • Réservoir : bourgeons, écorce, feuilles tombées si elles ne sont pas évacuées.
  • Clé de contrôle : agir avant infection (automne et fin d’hiver), soigner l’aération de la ramure et le drainage du sol.

Traitement préventif (le plus efficace)

La prévention se joue à deux moments : à l’automne (après chute des feuilles) et en fin d’hiver/début de printemps (avant et pendant le débourrement). Respecter ce calendrier est déterminant.

À l’automne

Ramassez puis évacuez (ou brûlez si autorisé) feuilles et fruits momifiés. Cette hygiène limite le réservoir de spores.

  • Réalisez ensuite une pulvérisation de bouillie bordelaise (cuivre) sur l’ensemble de la ramure et le tronc.
  • Objectif : diminuer la charge inoculum avant l’hiver.

En fin d’hiver / début de printemps

Avant gonflement des bourgeons, puis au débourrement, effectuez une nouvelle protection préventive.

  • Cuivre en pulvérisation (en respectant strictement les doses et la réglementation en vigueur).
  • Relais possibles (et complémentaires) en période à risques : pulvérisations de décoction de prêle (effet stimulant et assainissant) après épisodes pluvieux.
  • Rythme usuel en année humide : toutes les 2 semaines de février/mars à mai, ou après pluies durables.

Solutions naturelles : ail et bonnes pratiques

De nombreux jardiniers utilisent une décoction d’ail en pulvérisation pour soutenir la plante dans les périodes sensibles.

Recette (décoction d’ail) :

  • Éplucher ~150 g de gousses d’ail, hacher, laisser macérer 2 h avec un filet d’huile d’olive.
  • Ajouter 1 l d’eau, porter doucement à frémissement, laisser refroidir puis filtrer.
  • Diluer (ex. : 1/2 l de décoction pour 2 l d’eau) et pulvériser sur la ramure.

Planter de l’ail au pied du pêcher est parfois conseillé en compagnonage. Certaines pratiques empiriques, comme l’usage de coquilles d’œufs suspendues dans l’arbre, recueillent des retours favorables chez des jardiniers : leur efficacité n’est pas scientifiquement établie, mais elles ne présentent pas de risque et peuvent être essayées.


Impact de la cloque sur la taille des pêches
Attaque tardive : fruits souvent plus petits mais récolte encore possible.

Résumé express des traitements « naturels »

  • Fin d’automne → ramassage des feuilles → bouillie bordelaise (réduit les spores latentes).
  • Fin d’hiver (février) → cuivre / prêle (prévenir la contamination).
  • Printemps humide → relais prêle / décoction d’ail après pluies (soutenir l’arbre).

Traitement curatif : que faire une fois la cloque visible ?

Il n’existe pas de « guérison » des feuilles déjà cloquées. On agit pour limiter la propagation et aider l’arbre à refaire un feuillage sain.

  • Supprimez les feuilles très atteintes (pas toutes, pour préserver la photosynthèse) et les rameaux sévèrement touchés.
  • Réalisez une nouvelle pulvérisation de cuivre en respectant les usages locaux et la réglementation, ou un relais prêle/ail si vous privilégiez les alternatives.
  • Nourrissez l’arbre : apport d’engrais organique équilibré au printemps (compost mûr), et paillage au pied pour limiter le stress hydrique.

Entretenir pour renforcer et fructifier

Un entretien doux mais régulier améliore la résilience :

  • Taille de fructification en hiver (hors gel), sans excès sur le pêcher pour ne pas l’affaiblir.
  • Arrosages espacés mais profonds au printemps si sécheresse, surtout pour les jeunes arbres.
  • Sol drainé, désherbé au pied (ou paillé), exposition ensoleillée et aérée (éviter les couloirs humides).

Variétés, implantation et bonnes pratiques

On ne peut pas supprimer totalement le risque, mais on peut le réduire fortement :

  • Choisir l’emplacement : situation ensoleillée, abritée des pluies battantes, bonne circulation d’air, sol filtrant.
  • Planter sur butte ou talus en sol lourd pour évacuer l’eau.
  • Variétés et porte-greffes : se renseigner en pépinière sur les cultivars réputés tolérants et les porte-greffes adaptés au terrain.
  • Hygiène : ramassage des feuilles atteintes, suppression des fruits momifiés, outils propres.

Conseils malins

  • Le champignon peut rester latent plusieurs mois sur écorce et bourgeons même sans symptômes l’année précédente.
  • Des feuilles légèrement cloquées peuvent se rétablir partiellement si les conditions deviennent sèches et que l’arbre est vigoureux.
  • Traiter après apparition des cloques a peu d’effet sur les feuilles déjà malades : la priorité est la prévention et l’accompagnement de l’arbre.

FAQ – Questions fréquentes

Quand traiter au cuivre ?

  • À l’automne après la chute des feuilles, puis en fin d’hiver/débourrement. Évitez les fortes doses répétées inutilement et respectez la réglementation locale.

La cloque peut-elle détruire toute la récolte ?

  • Oui si l’attaque survient très tôt au printemps et défeuille l’arbre. Si elle apparaît plus tard, la récolte est souvent seulement réduite (fruits plus petits).

Dois-je enlever toutes les feuilles malades ?

  • Non. Retirez seulement les plus atteintes pour conserver de la surface foliaire. L’arbre a besoin de chlorophylle pour refaire des feuilles saines.

Les traitements « naturels » suffisent-ils ?

  • Ils peuvent soutenir (prêle, ail) et compléter une stratégie préventive rigoureuse (hygiène, aération, emplacement). En année très humide, un traitement cuprique préventif bien calé reste la référence de nombreux jardiniers.

Puis-je éviter totalement la cloque ?

  • Difficile de l’éradiquer partout, mais on peut contenir durablement la maladie en combinant : prévention, site bien choisi, variétés tolérantes, taille mesurée, nutrition organique et paillage.

Faut-il traiter chaque année ?

  • Sur sites à risque (printemps humides), oui : un rituel léger mais régulier à l’automne et à la sortie de l’hiver évite des attaques sévères.

©DevidDO, ©nata_zhekova


Écrit par Jardiner Malin | La rédaction vous propose des conseils d'experts, une approche respectueuse de la nature, de beaux jardins et un potager fait de bons petits légumes cultivés au fil des saisons.