Inconnue en France jusqu’au début du XIXe siècle, la mineuse du marronnier (Cameraria ohridella) est dorénavant présente sur pratiquement tout le territoire. Comme son nom le laisse supposer, ce lépidoptère s’attaque au feuillage du marronnier dans lequel les larves creusent des galeries. Très difficile à éliminer, ce ravageur peut tout de même être freiné dans sa progression.
Découverte en 1984 du côté de la Macédoine, la mineuse du marronnier (Cameraria orhidella) est un lépidoptère de la famille des Gracillariidés qui est arrivé en France en 2000. Aujourd’hui, il est présent sur 100 % de notre territoire, aussi bien à la campagne qu’en milieu urbain. Autant dire que ce papillon a d’excellentes facultés d’adaptation et de développement ! De nombreuses agglomérations et communautés de communes l’ont d’ailleurs mise sous surveillance.
Il s’agit d’un papillon, à la taille inférieure à 5 mm, reconnaissable à son corps brun ocre et à ses ailes striées de gris argenté. C’est surtout la larve de ce papillon qui provoque les plus graves dégâts sur le feuillage du marronnier en y creusant des galeries appelées mines.
La mineuse du marronnier a un cycle de vie identique à tous les lépidoptères. À la différence près que son cycle est relativement rapide (entre 7 et 11 semaines suivant les régions) :
Au total, entre mars-avril et août, se succèdent trois générations. Ce qui explique la propagation rapide.
Cameraria orhidella cible essentiellement les différentes espèces de marronnier, dont le plus commun sur notre territoire, le marronnier d’Inde (Aesculus hippocastanum). Les autres espèces sont aussi visées, et en particulier le marronnier jaune (Aesculus flava), le marronnier d’ornement à fleurs rouges (Aesculus pavia) et le marronnier du Japon (Aesculus turbinata). Seul le marronnier à fleurs rouges (Aesculus x carnea) semble être épargné.
La mineuse du marronnier peut aussi creuser des galeries dans le feuillage de l‘érable sycomore (Acer pesudoplatanus), pour peu qu’il soit planté à proximité des marronniers.
Les dégâts se concentrent sur le feuillage où les larves creusent des mines fines, mais qui finissent par se rejoindre. Les feuilles jaunissent prématurément, sèchent et finissent par tomber en plein été. La photosynthèse est donc compromise, ce qui a un impact sur la vigueur de l’arbre. Sa floraison et sa fructification peuvent être amoindries.
La mineuse du marronnier ne fait pas mourir l’arbre, mais elle l’affaiblit considérablement.
Bien dissimulées entre les épidermes des feuilles, les larves ne sont pas faciles à éradiquer. Quant aux parasites naturels du type hyménoptères, ils ne sont pas suffisamment nombreux pour agir efficacement. Seules les mésanges et les perce-oreilles peuvent arriver à manger quelques larves. Mais là encore, leur action est limitée ! Il n’y a qu’une espèce de sauterelle, la méconème méridionale ou fragile (Meconema meridionalis) qui puisse mener une vraie lutte. Tout passe donc par la prévention !
Et le principal geste de prévention est assez simple à mettre en œuvre. Il suffit de ramasser avec soin les feuilles mortes des marronniers tombées au sol, sous l’arbre ou envolées dans le jardin. En effet, pendant l’hiver, c’est là que les larves hivernent. Pour plus de sécurité, les feuilles mortes s’emportent en déchèterie où le compostage les fera disparaître.
On trouve aussi dans le commerce des pièges à phéromones qui capturent les mâles, limitant ainsi l’accouplement. Ces pièges s’installent entre la mi-mars et septembre.
Bien évidemment, le maintien de la biodiversité autour des marronniers va favoriser la venue des oiseaux du jardin( mésanges, rouge-gorge), et des insectes prédateurs comme la fameuse sauterelle verte, évoquée précédemment. Il suffit de semer et planter des fleurs mellifères, d’installer des haies champêtres, ou encore des mangeoires, des nichoirs et des abris à insectes.
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