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Aiguilles de pin : voici pourquoi il ne faut surtout pas les jeter !

aiguille de pin utilisation

Vous aimez vous promener en forêt à la recherche de quelques champignons des bois ? Les pins et sapins et autres conifères majestueux vous émerveillent lors de chaque balade en montagne ? Et si vous profitiez de ces moments privilégiés en pleine nature pour ramasser les épines de pin qui jonchent le sol ? Elles peuvent en effet avoir plusieurs usages au potager.

Le saviez-vous ?

  • Les aiguilles de pin sont pauvres en azote et riches en carbone : parfaites en paillage de surface, à équilibrer au compost avec des déchets « verts ».
  • Leur structure fine forme un tapis drainant qui limite la battance des pluies et les éclaboussures porteuses de maladies.
  • Sèches, elles sont plus inflammables que d’autres paillis : évitez d’en mettre contre un mur en bois ou au pied d’un barbecue.
  • En forêt, litière et bois mort sont des habitats : ne prélevez que des quantités raisonnables et respectez les zones protégées.

Les épines de pin, acides oui mais pas trop !

En fin d’automne, une simple promenade dans les bois permet d’observer un tapis d’aiguilles de pin qui parsèment le sol. Ces aiguilles ont déjà revêtu une couleur brun jaune, signe qu’elles ont enclenché leur décomposition. Forcément, n’importe quel jardinier un minimum curieux peut se poser la question de l’utilité de ces aiguilles de pin : en automne, on ramasse bien les feuilles mortes pour constituer du paillis, protéger les plantes gélives du froid ou faire un terreau de feuilles. Certes, mais n’oublions pas que les aiguilles de pin sont acides. C’est vrai mais…


Une acidité raisonnable des aiguilles de pin
Aiguilles déjà brunies : le pH se situe souvent entre 6 et 6,5.

 

En fait, ces aiguilles de pin mortes affichent un pH compris entre 6 et 6,5. Or, un sol neutre où pratiquement tout pousse, a un pH compris entre 6,1 et 7. Quant au sol réellement acide, il affiche un pH inférieur à 6,1. Autant dire que les aiguilles ne sont pas si acides que ça et que, logiquement, elles n’auront aucun impact notable sur le pH du sol (ou alors moindre et à long terme). Autre idée reçue : les aiguilles « acidifieraient » fortement l’eau d’arrosage en se décomposant. Dans un sol vivant et bien drainé, l’effet reste marginal. Réservez toutefois ce paillis aux cultures ligneuses et aux massifs plutôt qu’aux semis très sensibles.

Utiliser les aiguilles de pin comme paillage

Dans les bois, les aiguilles de pin forment une couche épaisse qui se décompose lentement pour nourrir le sol. Autant dire que, dans un jardin, les aiguilles de pin pourraient avoir la même utilité et servir de paillis végétal totalement gratuit. Un paillage qui peut être très joli avec sa couleur brune et son aspect soigné, notamment au pied des arbustes.

Les avantages du paillage en aiguilles de pin


Utilisation des aiguilles de pin comme paillage
Un paillis stable, drainant et esthétique.
  • Elles enrichissent le sol en se décomposant. Les aiguilles forment un humus riche en carbone ; mélangez-les volontiers à des tontes sèches (azote) pour équilibrer.
  • Moins d’herbes indésirables grâce à une couche dense qui bloque la lumière au sol.
  • Dégradation lente par rapport aux feuilles, à l’herbe ou à la paille : pas besoin de renouveler sans cesse.
  • Meilleure gestion de l’eau : elles facilitent la pénétration des pluies, limitent l’évaporation, évitent battance et éclaboussures (maladies cryptogamiques).
  • Isolation hivernale : elles protègent les collets et racines superficielles contre le gel et les variations brutales.
  • Sol plus vivant : le paillis nourrit progressivement la faune du sol (collemboles, cloportes, microfaune).

Comment faire ? Épandez 5 à 8 cm d’aiguilles, sur sol ameubli et humide, en laissant un anneau dégagé (2–3 cm) autour du collet pour éviter la macération. Sur sol très venté, posez une fine grille ou des rameaux le temps que le paillis se tasse. Renouvelez par touches au printemps si besoin.

Où déposer ce paillis ?

Évidemment, il paraît logique de déposer ce paillis au pied des plantes acidophiles dites de terre de bruyère comme les rhododendrons, les camélias, les hortensias, les piéris… Mais, globalement, la plupart des plantes peuvent recevoir ce paillis, en particulier les annuelles fleuries des massifs ou des jardinières.

N’hésitez pas aussi à installer ce paillis au pied des petits fruitiers comme les framboisiers ou les myrtilliers. Enfin, on peut l’utiliser au potager, mélangé à des tontes préalablement séchées, autour des tomates et courges pour limiter les éclaboussures, ou entre les rangs comme « couverture » contre l’évaporation.

Peut-on mettre des aiguilles de pin au compost ?

Évidemment, on peut aussi mettre ces aiguilles de pin au compost à la condition de ne pas en abuser ! Pour l’équilibre des matières sèches et humides, mélangez-les aux tontes de pelouse, épluchures de légumes et déchets de culture (riches en azote). Pour accélérer la décomposition, broyer les épines (broyeur ou tondeuse) est un vrai plus. Pensez à aérer régulièrement le tas (retournement) et à maintenir une humidité type « éponge essorée ».


Les aiguilles de pin au compost
Au compost : alternez couches « brunes » et « vertes ».

 

Conseil : évitez d’enfouir des quantités importantes d’aiguilles fraîches directement dans un lit de semis : leur rapport C/N élevé peut provoquer une faim d’azote temporaire. En paillage de surface, aucun souci.

Les aiguilles de pin contre les limaces et escargots

Au même titre que les coquilles d’œufs qui peuvent contrer l’avancée des limaces et escargots, les aiguilles de pin peuvent limiter leur avancée. Sans être une solution miracle ! En effet, elles sont un brin piquantes et, placées en bande continue autour de certains végétaux comme les hostas, les jeunes pousses potagères ou les fraisiers, elles constituent une gêne pour les gastéropodes. Pour une protection efficace, combinez avec d’autres méthodes : ramassage manuel, pièges, cuivre, abris-refuges détournés, arrosage le matin plutôt que le soir, etc.


Barrière d’aiguilles contre limaces et escargots
Barrière « pique-pattes » : utile, mais pas infaillible.

 

Autres usages pratiques au jardin

  • Allées et zones boueuses : une couche d’aiguilles limite la gadoue en hiver et se tasse en tapis drainant.
  • Protection des bulbes : en couverture légère, elles isolent tulipes et narcisses contre le gel superficiel.
  • Culture en pot : en fine couche de surface, elles font un paillis propre qui évite les croûtes de terre.
  • Prévention de la compaction : autour des jeunes arbustes, elles limitent la croûte de battance après orages.

Précautions de collecte et de mise en œuvre

  • Légalité : renseignez-vous sur les règles locales (forêts communales, sites protégés). Prélevez avec modération.
  • Propreté : secouez pour éliminer cônes, brindilles et débris. Évitez les zones longées par des routes (polluants).
  • Sécurité : paillis non recommandé contre des structures sensibles au feu. Écartez-le de 30 cm des façades.
  • Épaisseur : 5–8 cm suffisent ; trop épais, le paillis peut étouffer de jeunes plants.

FAQ – Questions fréquentes

Les aiguilles vont-elles acidifier mon sol sur le long terme ?

  • Peu ou pas. Leur pH est souvent voisin du neutre une fois sèches/brunies (≈6–6,5). En paillage de surface, l’effet acidifiant est négligeable.

Peut-on pailler les légumes avec ?

  • Oui, surtout les cultures installées (tomates, courges, artichauts). Évitez simplement d’enfouir de gros volumes dans les semis.

Combien de temps tient un paillis d’aiguilles ?

  • Selon climat et activité biologique du sol, comptez 12 à 24 mois. Il se tasse et se minéralise lentement : complétez au printemps.

Je n’ai pas de pins à proximité : un paillage avec écorces de pin fait-il pareil ?

  • Les écorces sont plus décoratives et plus durables, mais dégradent l’azote en surface. Les aiguilles, plus fines, drainent mieux et protègent bien des éclaboussures.

©RalfGeithe, ©Irtha López, ©MelissaTate, ©Polina, ©Crazymonke9


Écrit par Pascale Bigay | L'écriture a ponctué la vie de Pascale. Tout comme la nature, la botanique, le jardinage... C'est pourquoi à travers ses mots, elle vous fait partager ses expériences et ses découvertes de jardinage, ses plantations de vivaces ou d'arbustes, ses recettes du potager, la vie de ses poules...