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La terre de bruyère : définition, avantages et utilisation

Terre de bruyère

Rhododendron, Camélia, Calluna d’été et d’hiver…Ces plantes, vous les connaissez parfaitement bien, et savez qu’elles ont besoin d’un sol à tendance acide. La terre de bruyère s’impose donc ! Mais que se cache-t-il vraiment derrière ce terme « terre de bruyère » ? Et surtout comment et pour quelles plantes l’utiliser ?

La terre de bruyère, c’est quoi exactement ?

Pour faire simple, la terre de bruyère pourrait être définie comme le substrat dans lequel poussent les bruyères ! C’est une terre de lande, très acide, que l’on trouve aussi dans les sous-bois de résineux. Elle est naturellement issue de la décomposition des végétaux comme les bruyères ou les épines et écorces de conifères, qui intervient à l’ombre ou à mi-ombre. Cette terre de bruyère affiche un pH de l’ordre de 4 à 5, nettement plus bas que la majorité des terres de jardin dites « neutres » (pH 6,5 à 7).

Comme peu de jardins possèdent naturellement une terre acide, il est possible de s’en procurer dans le commerce. Or, il existe deux types de terre de bruyère : la véritable terre de bruyère forestière et la terre dite « de bruyère ». Bien les distinguer vous évite les déceptions et vous aide à choisir le bon produit en fonction de vos plantations.

À noter : la terre de bruyère ne sert pas qu’au moment de la plantation. Elle peut aussi être utilisée en surfaçage au pied des plantes acidophiles déjà installées, pour entretenir l’acidité du sol année après année.

La véritable terre de bruyère :

Elle est essentiellement composée de débris végétaux de bruyères et/ou de conifères (feuilles, rameaux, épines…) décomposés, cultivés dans des forêts contrôlées, et de sable. Cette terre vient le plus souvent de Sologne, elle reste plus onéreuse car rare, mais elle est aussi la plus proche du milieu naturel des plantes de terre de bruyère.

 

Terre de bruyère definition particularité
Terre de bruyère d’origine forestière, idéale pour les plantations acidophiles

 

La terre dite « de bruyère » :

  • Elle est reconstituée et composée de terre siliceuse, de sable, de déchets végétaux, d’écorces et d’aiguilles de pin, de compost, et parfois de tourbe, brune ou blonde ou bien de fertilisants naturels comme la corne séchée, le guano…. Comme les tourbières sont très longues à se reconstituer, il est préférable d’utiliser des terres de bruyères sans tourbe. À noter que la mention « dite » apparaît rarement sur les emballages, d’où l’intérêt de lire la composition en détail.

Avantages et limites de la terre de bruyère

  • La terre de bruyère affiche un taux d’acidité (toujours inférieur à 6) parfaitement adapté aux plantes acidophiles. C’est également une terre riche en humus car elle est directement issue de la décomposition de déchets végétaux. C’est une terre légère et parfaitement drainante qui se réchauffe très vite au printemps. Elle convient donc très bien aux racines fines et superficielles des rhododendrons, azalées, camélias ou érables du Japon.
  • Pour autant, ces avantages peuvent aussi devenir des défauts dès lors que la terre de bruyère est mal utilisée ! En effet, la terre de bruyère contient peu d’éléments nutritifs tels que l’azote et le phosphore. Elle est en outre très perméable de par sa teneur en sable et n’a aucune capacité de rétention d’eau. Une fois sèche, la terre de bruyère est difficilement réhumidifiable. Utilisée pure en pleine terre, elle se dessèche très vite en été et peut conduire au dépérissement des plantes.
  • C’est pourquoi on recommande de considérer la terre de bruyère comme un amendement et non comme un sol complet : elle améliore l’acidité, la structure et la légèreté de la terre, mais doit toujours être associée à une bonne terre de jardin ou à un terreau de qualité.

Comment utiliser la terre de bruyère ?

La combinaison de ces qualités et défauts oblige à utiliser la terre de bruyère avec précaution. En effet, un sol trop acide réduit considérablement l’activité de la micro-faune présente dans le sol comme les vers de terre, les collemboles…car ils n’y trouvent pas suffisamment d’éléments nutritifs.

C’est pourquoi, que ce soit pour les plantations en pot ou en pleine terre, il est primordial de ne jamais utiliser la terre de bruyère seule. Il faut absolument la mélanger avec de la bonne terre de jardin à parts égales. Il suffit de mélanger la terre extraite du trou avec la terre de bruyère. Dans un sol très calcaire, vous pouvez aller jusqu’à deux tiers de terre de bruyère pour un tiers de terre du jardin, mais jamais 100 %.

Pour renforcer l’acidité du sol, il est également possible d’ajouter un paillage constitué d’aiguilles et d’écorces de pin. Ce paillage limite l’évaporation, protège les racines de la chaleur et continue à acidifier légèrement le sol au fil de sa décomposition.

Comment savoir si votre sol a besoin de terre de bruyère ?

  • Observez vos plantes actuelles : hortensias qui bleuissement difficilement, rhododendrons jaunissant entre les nervures (chlorose), camélias qui végètent… autant de signes d’un sol trop calcaire.
  • Réalisez un test de pH avec un kit vendu en jardinerie ou en faisant analyser un échantillon de sol. En dessous de 6, l’apport massif de terre de bruyère est rarement utile ; entre 6,5 et 8, il devient intéressant pour les plantes acidophiles.
  • Observez aussi la flore spontanée : présence de bruyères, ajoncs, fougères peut indiquer un sol déjà naturellement acide.
  • Voici comment connaître le type de sol de votre jardin avec un simple récipient

Terre de bruyère en pot ou en bac :

Pour les cultures en pot (camélia sur terrasse, érable du Japon en bac, hortensia en pot, etc.), la terre de bruyère est précieuse, mais elle doit là encore être mélangée.

  • Utilisez 50 % de terre de bruyère pour 50 % de terreau plantation ou de terre végétale de bonne qualité.
  • Installez une épaisse couche de drainage au fond du pot (billes d’argile, graviers) pour éviter l’eau stagnante.
  • Renouvelez régulièrement le surfaçage en grattant légèrement la surface et en ajoutant quelques centimètres de terre de bruyère fraîche chaque printemps.

Quels végétaux planter dans la terre de bruyère ?

Les plantes de terre de bruyère sont nombreuses et permettent de composer de magnifiques scènes de jardin, du sous-bois fleuri au massif de façade.

Quelques exemples de plantes de terre de bruyères :

plantes de terre de bruyère
Massif de plantes de terre de bruyère au jardin

 

Quelques précautions

  • Planter les plantes de terre de bruyère plutôt à mi-ombre ou à l’ombre, par exemple en sous-bois, le long d’un mur abrité du vent ou à l’ombre d’une haie. Un soleil brûlant d’après-midi, surtout en sol léger, risque de dessécher rapidement la motte.
  • Bien arroser en été pour garder le sol frais mais éviter les sols gorgés d’eau en hiver : les racines des plantes acidophiles craignent autant l’asphyxie que la sécheresse extrême.
  • Renouveler tous les 3 à 4 ans un apport de terre de bruyère au pied des arbustes pour compenser le lessivage et maintenir un pH adapté.

FAQ – Vos questions

Peut-on utiliser la terre de bruyère pour toutes les plantes du jardin ?
Non. La terre de bruyère est réservée aux plantes acidophiles. Pour la plupart des vivaces, arbustes classiques, légumes ou rosiers, un bon terreau ou un mélange terre/compost suffit.

Puis-je corriger un sol très calcaire uniquement avec de la terre de bruyère ?
La terre de bruyère améliore la situation localement (dans une fosse de plantation, un massif dédié…), mais elle ne transforme pas tout un terrain calcaire en sol acide. Pour les plantes très exigeantes, mieux vaut créer un massif spécialisé plutôt que de vouloir tout modifier.

Combien de temps dure l’effet d’un apport de terre de bruyère ?
Selon la nature de votre sol et les pluies, comptez 3 à 5 ans. Ensuite, un nouvel apport en surface et un paillage adapté permettent de maintenir un bon niveau d’acidité.

Faut-il ajouter de l’engrais en plus de la terre de bruyère ?
Oui, surtout en pot. La terre de bruyère étant pauvre en éléments nutritifs, complétez par un engrais organique spécial plantes de terre de bruyère au printemps (rhododendrons, hortensias, camélias…).


©iMarzi/994yellow/Roberto Zocchi/AdobeStock


Écrit par Pascale Bigay | L'écriture a ponctué la vie de Pascale. Tout comme la nature, la botanique, le jardinage... C'est pourquoi à travers ses mots, elle vous fait partager ses expériences et ses découvertes de jardinage, ses plantations de vivaces ou d'arbustes, ses recettes du potager, la vie de ses poules...