Mamert, Pancrace et Servais, vous connaissez ? Si je vous dis que ce sont des Saints, inutile de vous précipiter sur le calendrier, ils n’y figurent plus. En revanche, ils sont encore bien présents dans le quotidien des jardiniers qui attendent sagement leur passage pour planter les légumes les plus frileux.
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11, 12 et 13 mai, ces trois nuits de mai, et plus généralement la première quinzaine du mois de mai, le jardinier averti se méfie des gelées nocturnes. Enfin, surtout le jardinier qui jardine au nord de la Loire ! Car, dans les régions au climat plus clément, le sud de la France ou le littoral atlantique, le risque est moindre. Mais pas pour autant totalement écarté.
Donc, la première quinzaine de mai, la prudence est de mise. Et le jardinier patient n’a peut-être pas tort d’attendre un peu pour repiquer les légumes gélifs. Des légumes qui auront largement le temps de se développer pour offrir de belles récoltes en été.
Si la croyance populaire s’appuie en général sur le bon sens, peut-être faut-il aussi vérifier ces dires d’une manière plus scientifique. Et forcément, lorsqu’on parle météo, on dirige nos yeux vers le ciel. Cette première quinzaine de mai, qui coïncide parfois avec une vague de froid, s’explique, en Europe de l’Ouest, par le passage d’air froid, amené par le courant de l’Atlantique nord. Par ciel clair (grâce à l’anticyclone des Açores), il provoque une chute brutale des températures nocturnes par rapport à celles de la journée.
Un phénomène météorologique accentué par la période de la lune rousse qui se situe entre avril et mai. Et le jardinier sait très bien que « À la Lune rousse, rien ne pousse » !
Bref, cette première quinzaine de mai doit inciter les jardiniers à la prudence. C’est une période de turbulence climatique, coincée entre l’hiver finissant et l’été annoncé, qui peut avoir de graves conséquences au jardin d’agrément, au potager, dans les vignes et les vergers.
Même si le réchauffement climatique change quelque peu la donne… tout comme les statistiques météorologiques qui tendent à prouver que les gelées sont rares à cette époque. Pourtant, partout, des jardiniers se souviennent de gelées tardives et destructrices.
Raisonnablement, plutôt que de respecter à la lettre ces Saints de glace, consultez les bulletins météorologiques et regardez le ciel. Surtout si vous habitez dans les régions au climat le plus rude qui réserve parfois quelques surprises.
Donc, après les Saints de glace, vous pouvez :
Et prévoyez le voile d’hivernage ou les cloches de protection au cas où…
Ces trois Saints de glace qui reviennent chaque année les 11, 12 et 13 mai, portent des prénoms un tant soit peu désuets… Sans remonter à la nuit des temps, cette croyance en ces trois personnages date pourtant du Haut Moyen-Âge, et plus précisément au Ve siècle. Le premier Saint-Mamert, évêque de Vienne, instaure trois jours de pénitence, les Rogations, juste avant l’Ascension, pour protéger les cultures des calamités météorologiques. À cette époque, c’est le calendrier julien qui prévaut et ces jours consacrés à la prière tombent les 16, 17 et 18 mai.
Le passage au calendrier grégorien les déplace aux 11, 12 et 13 mai mais la croyance perdure. Bien que Rolande, Achille et Estelle aient chassé Mamert, Pancrace et Servais ! Mais en fait de quelle croyance s’agit-il vraiment ? Ce dicton résume à lui seul l’idée : « Les Saints Servais, Pancrace et Mamert font à eux trois un petit hiver ».
En effet, l’idée persiste chez les jardiniers que ces trois nuits des 11, 12 et 13 mai, les gelées sont à craindre. Des gelées qui peuvent détruire les jeunes plantules tout juste mises en terre.
Quant au mot de la fin des gelées, il revient à Saint Urbain, célébré dans le calendrier julien le 19 mai. Tout simplement, car « quand la Saint Urbain est passée, le vigneron est rassuré » ou bien « Mamert, Pancrace et Servais font les trois Saints de glace, mais Saint Urbain les tient tous dans sa main ».
On ne peut fermer cette page d’histoire sans évoquer aussi les Saints Cavaliers du froid, les bien nommés Georges, Marc, Robert et Philippe, célébrés fin avril et début mai. Eux aussi font souffler un vent de fraîcheur sur nos nuits printanières.
©Svetliy/AdobeStock, ©HansBraxmeier
Ah, les Saints de glace, c’est ma hantise ! Je suis tellement pressée de voir mes légumes pousser, mais je sais que cela peut leur être fatal. C’est que j’habite au nord de la Loire !