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Mouche asiatique : gare à nos fruitiers !

Mouche asiatique
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Présente sur le sol français depuis 2010, la mouche asiatique (Drosophila suzukii), parfois appelée drosophile japonaise à ailes tachetées, s’attaque à une grande variété d’arbres et d’arbustes fruitiers. En une seule saison, elle peut provoquer de graves dégâts, sachant qu’elle bénéficie d’une croissance, d’une mobilité et d’une adaptabilité impressionnantes.

Découvrons ce diptère redoutable, et surtout les méthodes pour lutter et éviter son installation.

La mouche asiatique, c’est quoi exactement cet insecte ?

Comme son nom le laisse deviner, la mouche asiatique est un diptère d’à peine 3 mm de longueur. Elle appartient aux drosophiles, qui désignent généralement les mouches des fruits. C’est une cousine proche de la mouche du cidre (Drosophila melanogaster).

Originaire d’Asie du Sud-Est, cette mouche de petite taille, assimilable à un moucheron, est aujourd’hui présente sur tout le territoire français. Cette mouche se distingue par les ailes marquées de deux points noirs, uniquement chez le mâle, la femelle n’en ayant pas. En revanche, cette dernière dispose d’un ovipositeur en forme de scie avec lequel elle perce la peau des fruits pour pondre ses œufs.

Cette petite mouche asiatique, au thorax brun clair rayé de noir, se montre très mobile, mais aussi très polyvalente. Elle peut en effet s’attaquer à une large variété de fruits. Elle bénéficie en outre d’une capacité de reproduction tout à fait exceptionnelle.

Quel est le cycle de vie de ces diptères ?

mouche asiatique femelle

Femelle de Drosophila suzukii

  • Dès le mois de mars (ou plus tard suivant les régions), les femelles, fécondées à l’automne précédent, sortent de leur phase d’hibernation (la diapause)
  • La ponte commence sous la peau des fruits et baies, sauvages ou cultivées, arrivés à maturité, à raison de plusieurs œufs par jour sur plusieurs fruits. La ponte peut aller jusqu’à 400 œufs par femelle qui éclosent très rapidement
  • Les larves, semblables à des asticots blancs, se nourrissent de la pulpe des fruits et passent par 3 stades en une dizaine de jours
  • Après la pupaison, l’imago émerge
  • Mâle et femelle s’envolent pour créer une nouvelle génération
  • À l’automne, les femelles fécondées entrent en diapause dans des débris, des écorces, et certainement dans le compost.

Suivant les conditions climatiques, de 3 à 13 générations peuvent se succéder en une année.

Quels dommages sur les fruitiers ?

Les dernières pontes avant l’hiver se font généralement dans des baies sauvages, comme celles du gui. Ensuite, les mouches pondent dans des fruits mûrs et sains, à l’épiderme assez fin. Et elles ne sont guère difficiles, car elles s’attaquent à une multitude d’espèces. Elles apprécient tout particulièrement les fruits de couleur rouge :

Concrètement, les larves qui se nourrissent de la chair des fruits, prêts à être récoltés, la ramollissent et l’oxydent. La chair se dégrade et les fruits se vident littéralement, avant de tomber au sol. Ils ne peuvent pas être consommés ou vendus. Ceux qui sont moins touchés se montrent très sensibles au développement de maladies cryptogamiques et des bactéries.

Les dégâts sont différents de ceux faits par la mouche de la cerise (Rhagoletis cerasi) et la mouche méditerranéenne (Ceratis capitata).

Quel traitement contre la mouche asiatique ?

Il n’existe aucun traitement efficace, capable d’éradiquer cette mouche asiatique. De plus, comme il s’agit d’un ravageur venu d’Asie, les prédateurs parasitoïdes naturels, présents sur le territoire, ne sont pas efficaces. Pour autant, en 2023, l’INRA a obtenu l’autorisation d’introduction d’une guêpe parasite (Ganaspis cf brasiliensis) pour lutter contre la mouche asiatique. Les études sont en cours pour évaluer la réussite et les impacts de cette introduction.

Tout passe donc par la surveillance et la prévention pour éviter la pullulation de la mouche asiatique dans les vergers des professionnels ou des amateurs.

Comment lutter préventivement  ?

Filet anti mouche asiatique - lutte traitementDes mesures prophylactiques permettent de limiter les dégâts :

  • Pour surveiller l’apparition de cette mouche asiatique, mais aussi capturer des individus, la pose de pièges chromatiques de couleur rouge est simple à mettre en œuvre. Ce piège (qui peut être réalisé avec une simple bouteille en plastique rouge, percée de quelques trous de 0,5 mm de diamètre), doit être à moitié rempli d’un mélange attractif constitué d’un volume d’eau, un volume de cidre ou de vinaigre, un volume de vin rouge et quelques gouttes de liquide vaisselle
  • La pose d’un filet anti-insectes à mailles très serrées est essentiel sur les petits fruitiers
  • La pulvérisation d’une solution à base d‘argile empêche la ponte
  • La récolte régulière des fruits à maturité
  • L’observation des fruits récoltés, car les larves continuent à endommager les fruits après la récolte
  • L’entretien régulier des cultures (suppression des feuilles abîmées ou mortes, désherbage régulier, taille des fruitiers adaptée…)
  • Une bonne aération des cultures pour réduire l’humidité.

©Tomasz Klejdysz ©Martin Hauser Phycus

 

 


Écrit par Pascale Bigay | L'écriture a ponctué la vie de Pascale. Tout comme la nature, la botanique, le jardinage... C'est pourquoi à travers ses mots, elle vous fait partager ses expériences et ses découvertes de jardinage, ses plantations de vivaces ou d'arbustes, ses recettes du potager, la vie de ses poules...
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