Aménager un jardin de curé

jardin de curé

Les jardins de curé se voulaient à la fois utiles, agréables et faciles d’entretien. Ils correspondent tout à fait à la tendance actuelle qui se tourne vers des jardins à la fois vivrier et proches de la nature.

Pour aller plus loin :

1- Des origines profondes

Des jardins médiévaux…

Les jardins de curé se sont inspirés des jardins médiévaux, entourés de murs et divisés en quatre carrés avec un puits ou une fontaine au centre et toutes les plantes utiles à la vie d’une abbaye. Les curés et par extension les petites gens puisqu’on les appelle aussi « jardins de nos grands-mères » ont reproduit ce modèle de jardin composé :

  • Vue générale d’un jardin de curé d’inspiration médiévale (Lastours)

    de plantes simples traditionnelles, condimentaires ou médicinales,

  • de fleurs destinées à la décoration des autels souvent mêlées au potager,
  • d’une treille, d’arbustes à petits fruits et de fruitiers souvent palissés.

Ces jardins conservaient un côté rétro avec de petites haies taillées de buis ou de santoline pour entourer les parcelles. La pelouse, repoussée dans ses derniers retranchements, occupait simplement les allées. Les espaces accueillaient un banc ou une gloriette.

…aux jardins d’aujourd’hui

jardin de cure plantes
Consoude à fleurs bleues côtoyant une saponaire rampante.

La création d’un jardin de curé n’implique pas forcément le rejet de tout matériau contemporain et de variétés nouvelles. On privilégie cependant des végétaux capables de résister d’une année à l’autre ou de se propager spontanément. L’esprit « jardin de curé » symbolise ainsi le partage et l’échange entre jardiniers.

2- Le jardin d’aujourd’hui, riche et simple à la fois

Des plantes robustes

Pour constituer des jardins faciles à vivre, choisissez des plantes robustes et rustiques, pas trop sophistiquées.

  • Le parfum cependant, ajoute un charme incomparable : lilas, seringat, rosier, chèvrefeuille grimpant…
  • Les pompons vert acidulé de la viorne ‘Boule de Neige‘ qui peu à peu se meuvent en blanc pur, les branches moutonnantes du deutzia, les clochettes roses du weigelia, la spirée renforcent le côté fleuri.
  • Les arbres fruitiers conduits en palmette qui peuvent paraître contraignants à tailler sont souvent remplacés par des arbustes à petits fruits (groseilliers, framboisiers, cassissiers…). Les fruitiers constitutifs des haies champêtres comme le noisetier, le groseiller, l’amelanchier, le cornouiller mâle et les Prunus (prunier, merisier, prunelier, etc.) sont aussi un atout pour clôturer l’espace.
  • Alliance de légumes aux textures et couleurs variées et de marguerites.

    Vous pouvez vous amuser à reconstituer la panoplie des jardins de curé d’antan aux noms souvent évocateurs comme la monnaie du pape (Lunaria annua), le désespoir du peintre (Heuchera), le cœur de Marie (Dicentra formosa), le lis de la Madonne, la julienne des Dames (Hesperis matronalis), le tison de satan (Kniphofia)…

  • N’oubliez pas l’ancolie, la valériane rouge, et bien entendu les rosiers anciens à fleurs de choux très parfumées, la glycine, la pivoine

Des plantes à la fois utiles et décoratives

  • Les aromatiques sont toujours présentes avec davantage de choix de variétés,
  • Les médicinales sont souvent remplacées par des vivaces plus florifères ou par des plantes parfumées comme la monarde ou l’agastache.
  • Les plantes potagères décoratives font une entrée remarquée dans ce style de jardin. Elles sont d’ailleurs souvent issues de variétés anciennes à l’instar de la bette à cardes rouges ou du chou-palmier.
  • L’introduction de légumes anciens vivaces (chou de Daubenton, poireau perpétuel, oignon perpétuel, etc.) a également le vent en poupe.

Le royaume de la spontanéité et de la fantaisie

  • Les plantes capables de se ressemer spontanément sont les bienvenues : pied d’alouette, nigelle de Damas, valériane rouge…
  •  L’arrivée inopinée de fleurs sauvages comme le coquelicot, la vipérine ou la mauve n’est pas pour déplaire ! Cependant n’oubliez pas l’aspect fonctionnel et l’harmonie que l’espace doit générer. Il ne s’agit pas de tout laisser pousser dans un désordre total ! Pensez à marier les formes et les couleurs de manière à ce que chaque parcelle du jardin conserve une identité.
  • Si vous n’aimez pas trop l’aspect rigide des haies de buis, jouez la fantaisie en le taillant en forme de vagues. Afin d’éviter les problèmes de la pyrale du buis, formez vos haies basses avec de la santoline, du romarin, de la sarriette ou du thym.
  • Pour l’ombrage, installez de petits arbres décoratifs comme l’arbre de Judée, le savonnier ou un pommier mené en gobelet.

Les éléments de décor

  • jardin de cure tonnelle fontaine
    Tonnelle et fontaine.

    Les éléments comme une tonnelle ou une pergola, faits de bois brut en châtaignier ou acacia, à peine équarris font le charme de ces jardins.

  • Pour remplacer les haies de buis, installez des fascines en saule ou en châtaignier ou bien de simples planches afin de surélever des parcelles.

Conseils malins

Les séparations au moyen de barrières ou de haies moyennes donnent l’illusion d’un jardin plus grand. N’hésitez pas à délimiter des « chambres » pour rendre les lieux plus intimes. Installez des barrières et faites-y dégringoler en cascade des pois de senteur, des capucines ou des clématites.

Eva Deuffic

Pour aller plus loin :