À la fois ornemental, utile et spirituel, le jardin de curé est un modèle de simplicité. Né dans les cours des presbytères au XIXe siècle, ce jardin associait fleurs, légumes, plantes médicinales et fruitiers dans un espace réduit, souvent clos. Loin des compositions rigides, il exprime la beauté naturelle des choses simples, dans un joyeux désordre organisé. Les jardins de curé se voulaient à la fois utiles, agréables et faciles d’entretien.
Tout empreint de sagesse et du charme d’antan, le jardin de curé revient au goût du jour : écologique, économique, esthétique, il s’adapte aux petits espaces, attire les pollinisateurs et permet de jardiner toute l’année. Voici comment recréer cette ambiance désuète ?
Les jardins de curé se sont inspirés des jardins médiévaux, entourés de murs et divisés en quatre carrés avec un puits ou une fontaine au centre et toutes les plantes utiles à la vie d’une abbaye. Les curés et par extension les petites gens puisqu’on les appelle aussi « jardins de nos grands-mères » ont reproduit ce modèle de jardin composé :
de plantes simples traditionnelles, condimentaires ou médicinales,
Ces jardins conservaient un côté rétro avec de petites haies taillées de buis ou de santoline pour entourer les parcelles. La pelouse, repoussée dans ses derniers retranchements, occupait simplement les allées. Les espaces accueillaient un banc ou une gloriette.
La création d’un jardin de curé n’implique pas forcément le rejet de tout matériau contemporain et de variétés nouvelles. On privilégie cependant des végétaux capables de résister d’une année à l’autre ou de se propager spontanément. L’esprit « jardin de curé » symbolise ainsi le partage et l’échange entre jardiniers.
Attenant à la cure, le jardin de curé devait pourvoir aux multiples besoins du prêtre. On y trouvait pêle-mêle légumes et fleurs, fruits et plantes médicinales. C’est ce mélange, organisé en savant fouillis qui va donner à votre jardin son atmosphère. Les cultures sont disposées en plates-bandes ou massifs carrés bordés de buis ou de thym.
Commencez par dessiner vos massifs à l’aide d’une bêche ou d’un cordeau. Délimitez de petits espaces, afin que vos plantations soient accessibles. Si vous avez la chance de disposer d’un mur, faites grimper des capucines ou des pois de senteur à l’aide de piquets. Disposez des roses trémières et des tournesols au pied desquels vous planterez giroflées et gaillardes. N’oubliez pas groseilliers, cassis et framboisiers.
Entre les rangées de légumes, semez des immortelles, Helichrysum italicum et des myosotis. Plantez un carré de plantes aromatiques, menthe, verveine, sauge, sarriette et angélique. Vous pouvez essayer l’absinthe, belle plante rustique mais très haute, à qui il faut ménager un peu d’espace. Faites la part belle aux légumes anciens : tétragone, cardes, pâtissons…
Un jardin de curé doit inviter au recueillement. À l’angle d’un massif, on peut installer un banc propice au repos. S’il est de pierre, c’est l’idéal, sinon, choisissez un banc de bois comme ceux des squares.
Les fabricants spécialistes des ambiances d’autrefois proposent bassines et arrosoirs en zinc, répliques neuves des anciens, et qui ont l’avantage de l’étanchéité.
Au-dessus d’une allée, placez un arceau de fer au pied duquel vous planterez un rosier grimpant ou un chèvrefeuille sous lequel il fera bon passer.
Une remise pour les outils sera pratique et s’inscrira dans le décor.
Garnissez les plates-bandes de châssis où vos semis lèveront à l’aise. Sous la gouttière, placez un tonneau récupérateur d’eau de pluie. Si vous avez la chance d’avoir un puits, faites grimper une clématite autour du treuil.
Le long des allées, disposez des pots de fleurs, en terre cuite, dans lesquels vous ferez pousser lavande et géraniums. Offrez-vous une gloriette en fer forgé dont l’effet désuet est garanti !
Enfin, si votre jardin est suffisamment grand, un bassin ajoutera une note rafraîchissante.
Pour constituer des jardins faciles à vivre, choisissez des plantes robustes et rustiques, pas trop sophistiquées.
Vous pouvez vous amuser à reconstituer la panoplie des jardins de curé d’antan aux noms souvent évocateurs comme la monnaie du pape (Lunaria annua), le désespoir du peintre (Heuchera), le cœur de Marie (Dicentra formosa), le lis de la Madonne, la julienne des Dames (Hesperis matronalis), le tison de satan (Kniphofia)…
Les éléments comme une tonnelle ou une pergola, faits de bois brut en châtaignier ou acacia, à peine équarris font le charme de ces jardins.
Conseils malins
Les séparations au moyen de barrières ou de haies moyennes donnent l’illusion d’un jardin plus grand. N’hésitez pas à délimiter des « chambres » pour rendre les lieux plus intimes. Installez des barrières et faites-y dégringoler en cascade des pois de senteur, des capucines ou des clématites.
Eva Deuffic