La bouillie bordelaise est un fongicide traditionnellement utilisé en viticulture, arboriculture, maraîchage et au potager. À base de sulfate de cuivre et de chaux, c’est un traitement fongicide efficace, autorisé en agriculture biologique, mais dont l’usage doit rester mesuré pour limiter son impact sur l’environnement.
En résumé, ce qu’il faut savoir :
⚠️ Le respect scrupuleux des doses et du calendrier d’utilisation est essentiel pour limiter l’empreinte environnementale de ce produit.
La bouillie bordelaise est un fongicide minéral de couleur bleue, à base de sulfate de cuivre et de chaux. On l’utilise surtout en pulvérisation sur les végétaux pour lutter contre un large éventail de maladies cryptogamiques (champignons).
La bouillie bordelaise se présente sous forme de poudre bleu à vert pâle diluable dans l’eau. Sa couleur caractéristique provient des 20 % de sulfate de cuivre qu’elle contient, neutralisé par la chaux.
Le premier traitement à la bouillie bordelaise intervient généralement en fin d’hiver, au moment du grand nettoyage du jardin, pour limiter la survie des champignons hivernants.
Avant tout traitement, il est essentiel de ramasser et détruire les feuilles malades tombées au sol. On peut ensuite pulvériser la bouillie bordelaise sur l’ensemble de la ramure, le tronc et éventuellement le sol au pied de l’arbre.
La bouillie bordelaise s’emploie avant tout en prévention : elle limite l’installation des champignons. Une pulvérisation après l’apparition des premiers symptômes peut toutefois ralentir la progression de la maladie, sans l’éradiquer totalement.
Inventée en 1883, la bouillie bordelaise est largement utilisée depuis plus d’un siècle dans les jardins, les vignes, les vergers et les parcelles agricoles. C’est un fongicide minéral et un bactéricide reconnu, efficace en prévention contre de nombreuses maladies cryptogamiques ou bactériologiques, et utilisable dès l’apparition des premiers symptômes.
La vigne est très sensible au mildiou et justifie donc, dans de nombreuses régions, un traitement systématique au printemps et à l’automne. C’est d’ailleurs de ces usages viticoles que la bouillie tire son nom de « bordelaise ».
Le traitement commence dès le mois d’avril et se prolonge jusqu’à la fin juillet, avec :
À partir du mois de mai, on réalise en général une pulvérisation tous les 15 jours.
Ce traitement est souvent jugé indispensable dans les zones à risque, car ces cultures sont très sensibles au mildiou et une contamination sévère peut condamner la récolte.
| Plantes | Maladies visées | Période de pulvérisation (préventive) |
|---|---|---|
| Vigne | Mildiou, black-rot | De la reprise de végétation à la véraison : dès que les pousses font 10–15 cm, puis tous les 15 jours et après fortes pluies, jusqu’au début de coloration des grappes. |
| Tomate (plein air) | Mildiou | À partir de la plantation en pleine terre et durant tout l’été : avant les périodes annoncées humides, puis tous les 10–15 jours et après pluies prolongées. |
| Pomme de terre | Mildiou | Dès la fermeture des rangs (feuillage couvrant bien le sol) jusqu’au jaunissement des feuilles : traiter avant les épisodes chauds et pluvieux, puis renouveler tous les 10–14 jours. |
| Pommier, poirier | Tavelure, chancre, maladies de conservation | 1× en automne après la chute des feuilles, 1–2× en fin d’hiver/débourrement, puis au printemps après floraison si printemps humide. |
| Pêcher, abricotier, nectariniers | Cloque du pêcher, criblure, moniliose | En fin d’automne après chute des feuilles, puis en fin d’hiver au gonflement des bourgeons. Éventuellement 1 traitement juste après floraison si printemps très pluvieux. |
| Cerisier, prunier | Moniliose, criblure, chancres | En automne après la récolte et la chute des feuilles, puis en fin d’hiver avant l’éclatement des bourgeons, surtout si l’arbre a déjà été atteint. |
| Fraisier | Taches foliaires, pourritures (type mildiou/tavelures superficielles) | En sortie d’hiver sur le feuillage, puis juste avant floraison si la parcelle est souvent atteinte et que le temps est humide. |
| Olivier | Œil de paon, dartrose | 1× en fin d’automne après la récolte, 1× en fin d’hiver dans les régions humides, avant la reprise de végétation. |
| Rosiers (usage limité) | Taches noires, rouille (en soutien d’autres méthodes) | Au démarrage de végétation et juste après la taille de fin d’hiver, seulement si le rosier est très souvent atteint et en évitant les excès de cuivre sur sols lourds. |
| Légumes divers (poireaux, oignons…) | Taches foliaires, mildious spécifiques | En prévention par temps frais et pluvieux, dès que le feuillage est bien développé et sans dépasser le nombre de traitements recommandé dans la saison. |
Les principales maladies traitées :
Aujourd’hui, la bouillie bordelaise suscite de nombreuses controverses, en grande partie parce qu’elle a été employée de façon massive et répétée, en viticulture comme en arboriculture et en agriculture. Le problème majeur vient du fait qu’il s’agit d’un produit non biodégradable : le cuivre s’accumule dans l’environnement.
Avec des utilisations systématiques, le cuivre s’accumule dans le sol et devient toxique pour les écosystèmes :
D’où l’importance de considérer la bouillie bordelaise comme un dernier recours raisonné, et non comme un réflexe systématique.
Heureusement, il existe d’autres fongicides ou renforçateurs naturels pour limiter l’usage du cuivre :
La bouillie bordelaise est-elle autorisée en bio ?
Oui, mais avec des limites strictes. Les labels bio imposent une dose maximale annuelle de cuivre métal par hectare. Au jardin, cela se traduit par un nombre limité de traitements et des doses précises à respecter.
Peut-on l’utiliser en période de floraison ?
Il est préférable d’éviter la floraison pour ne pas gêner les insectes pollinisateurs, même si la bouillie bordelaise n’est pas un insecticide.
La bouillie bordelaise est-elle efficace après une pluie ?
Non. Étant un produit de contact, elle est en partie lessivée par la pluie. Après un fort épisode pluvieux, il est souvent nécessaire de renouveler le traitement, dans la limite des doses autorisées.
Faut-il porter des protections lors de l’application ?
Oui. Gants, lunettes et masque sont recommandés : la poudre et la bouillie peuvent être irritantes pour la peau, les yeux et les voies respiratoires.
Combien de fois par an peut-on traiter ?
De manière générale, on se limite à 2 à 3 traitements par an sur une même plante, en fonction de sa sensibilité, du climat et des contraintes réglementaires.
Bien qu’autorisée en agriculture biologique, il est fortement recommandé de ne pas dépasser les doses prescrites et d’éviter une utilisation trop fréquente. Utilisée avec excès, la bouillie bordelaise devient à son tour un facteur de contamination des sols et des milieux aquatiques.
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